Ah Sonia !
Il faut que je vous parle de Sonia, de ma Sonia. Je sais que je suis souvent possessif mais depuis le temps je suis à elle, comme elle est à moi, je puis me le permettre. Combien de temps ? Oh, depuis au moins… tout ça ! Depuis que ma Sonia a trois ans et aujourd’hui, elle en a vingt de plus. À cette époque, nous étions toujours ensemble, inséparables et nous avions prévu de nous marier quand nous serions grands comme les papas et les mamans. Nous sommes toujours ensemble mais toujours pas mariés… Les joies de notre époque…
Peu importe, je partage toutes ses nuits. Ou presque…
Ma Sonia est ravissante, elle me fait tourner la tête. D’autres têtes se retournent aussi sur son passage, sur ma Sonia, mélange subtil de garçon manqué et de poupée tellement féminine. Son corps de liane est magnifique, ses gestes élégants et vifs, tout en délicatesse et en force contenue. Son nez mutin souligne son espièglerie, sa bouche rosée et pulpeuse me charme de mots doux et de délicats baisers. Ses yeux en amande me font sombrer dans des abîmes. En un mot comme en cent : j’en suis dingue !
Vous l’auriez parié, non ?
Comme ma Sonia est très remarquée, elle me fait parfois des petites infidélités. Des grosses, même, mais toujours elle revient vers moi car, comme elle le dit elle-même, je suis le seul et l’unique. Ce n’est pas moi qui l’affirme, c’est elle. Et moi, je suis heureux comme tout.
Quand nous sommes dans les bras de l’un de l’autre, sur l’oreiller, à mots feutrés, elle me raconte tout sur ses aventures, ses hommes de passage. Quand ses doigts fins me caressent tandis qu’elle évoque ces nuits de folie qui assaillirent son corps qui s’est arqué sous son désir et la convoitise de l’autre, moi, je fonds, j’écoute, fasciné.
Ses lèvres pulpeuses à mon oreille n’oublient rien des mots qui l’ont bercée dans la moiteur d’un désir primal, de ces sons intimes, de ces élans loin de toute honte, de faire l’amour pour l’amour, se donner, prendre et se donner encore.
Elle fait revivre à mes oreilles un univers moite et passionnel, fait de corps enlacés, de sueurs mélangées, de sexe débridé. C’est fascinant…
Sonia me parle souvent de son prince charmant, qu’un jour, il viendra, qu’un jour, ils s’aimeront. Ma douce n’a toujours pas réalisé que c’était moi, son prince charmant ; c’est évident ! Mais voilà, on cherche toujours ailleurs ce qu’on a à portée de main. Je ne désespère pas, je suis là pour elle, rien que pour elle. Et d’ailleurs, je sais qu’elle le sait.
Son prince charmant, celui qui la comprendrait d’un simple regard, qui la protègerait de ses bras puissants et câlins et la dorloterait amoureusement durant toute une vie. Que croyez-vous que je fasse depuis vingt ans avec elle ? C’est vrai qu’au début, du haut de ses trois ans, ce n’était pas évident ! Mais maintenant, j’ai de la pratique…
Je suis de ses moindres voyages. Quand elle est partie en Angleterre, j’étais là aussi mais j’ai dû la partager avec un olibrius jaloux comme un pou. Bon, d’accord, ce type n’était pas trop moche, on pouvait même dire qu’il était beau, un peu, enfin pas tant que moi quand même ! Je sais, je suis moi aussi assez jaloux de tout ce qui concerne ma Sonia, je suis possessif. Pas tant que ça puisque je la « partage » parfois… souvent…
Comme je déteste son prénom (celui du type, pas celui de ma Sonia, voyons), je l’appellerai Machin dans ce que j’ai à raconter sur lui. Machin, donc, était fou de ma Sonia, ça, je peux le comprendre. Machin avait aussi des velléités de photographe, il se voyait sûrement au panthéon de la photo avec Helmut Newton ou David Hamilton. Et donc il était aussi preste à dégainer son appareil photo qu’un playboy dégaine son machin sexuel dès qu’il a fini ses cinq minutes d’approche réglementaire. D’ailleurs, entre nous, c’est la même chose : dans la symbolique phallique, on ne fait guère mieux ! Armé de son Nikon, trois cent mille déclics à la seconde, il se rua sur ma douce Sonia sous prétexte de photographies d’art, surtout celles situées sous la ceinture ! Sonia, qui est fondamentalement gentille, sauf quand elle me rembarre, se prêta de bonne grâce à cet exercice que je qualifierai de douteux.
Une photo de nu doit respirer la grâce aérienne, un état éthéré, un temps suspendu. Par contre, les gros plans tout azimut, non. Après, dirons-nous, quelques minutes à faire clic-clic dans tous les sens, Machin se décida de faire crac-crac, dans tous les sens aussi en déboutonnant sa braguette sans aucune forme de procès et présenta sous le nez de ma douce Sonia son truc tout droit pointé. Il n’était pas peu fier de sa partie intime mais Sonia, comme elle me le raconta, ne put s’empêcher de rire intérieurement : comme il avait toujours son appareil photo à très gros objectif sur le ventre, ses bijoux de famille supportèrent très mal la comparaison !
Pour ne pas exploser de rire, Sonia lui attrapa la queue et lui fit subir une fellation d’enfer. Elle est experte à ce petit jeu-là, elle adore faire jouir un type de sa langue, dans l’antre chaud de sa bouche. Elle contrôle ainsi la situation, amène les mâles où elle le désire, en les vidant, leur extirpant la moindre goutte, brisant leurs queues toutes fières, les réduisant à une petite chose ridicule et flasque.
Machin faillit en mourir cardiaque… Ça n’aurait pas été une grosse perte ! Passons…
Laure, sa Laure… Là, je ne dis plus trop rien. Ma jalousie naturelle s’estompe car Laure, comme vous l’avez compris, est une gente demoiselle ; pas tout à fait dans le même style que Sonia mais pas mal du tout. Pas tout à fait mon genre mais comme je participe souvent à leurs ébats, bon prince, je ne dis trop rien. Eh si, je participe ! Jaloux hein ? Vous pouvez l’être !
Je ne saurais comment le dire mais deux femmes ensemble dans les bras l’une de l’autre, ça m’émeut. C’est comme un monde de douceur qui s’offre à vous, un adorable cocon douillet fait de frémissements, de feulements et de plaisirs lascifs et sucrés. Je me délecte d’admirer ces deux corps plaqués l’un à l’autre, leurs bouches se cherchant, leurs mains se caressant, cette façon de faire l’amour tout en prémices et voluptés. Quoi de plus naturel qu’une femme pour comprendre le désir d’une autre femme et l’amener au plaisir…
Il n’y a pas si longtemps que…
Ce jour-là, Sonia était habillée d’une petite jupette noire et d’un chemisier blanc ; elle jouait à être la chose de Laure (chose qu’elle réussit fort bien) et minaudait dans l’appartement, voletant autour de sa compagne affairée sur son clavier d’ordinateur à mettre la dernière touche au site internet. De ce point de vue, Laure se comportait en « mâle », elle adorait exposer sa petite chose aux yeux du monde entier, bien faire voir à tous que Sonia était à elle, rien qu’à elle. Et aussi à moi, je lui rappelle ! Taquine comme elle sait si bien l’être, Sonia prenait des poses explicites, propres à ranger le viagra dans le rayon des accessoires placebos. C’est dire ! Moi, confortablement assis dans mon fauteuil, je regardais d’un œil inquiet tout ce manège. Je n’avais pas trop envie de me retrouver à la porte. J’ai vite été rassuré par le regard de feu que Sonia me lança alors : j’étais prévu au programme mais pour l’instant, je devais jouer au spectateur.
Alors j’ai joué au spectateur, j’ai été sage, obéissant.
Résultat, je me suis retrouvé, à mon corps consentant, entre les deux demoiselles, à sentir leurs peaux délicates et douces sur moi. Leurs corps enroulés autours du mien, leurs intimités offertes, leurs visages si près de moi, leurs bouches pulpeuses trop près de moi. J’étais positivement au nirvana ! J’en étais béat. Sonia, qui remarque tout quand c’est comme ça, me dit :
— Alors, mon gros nounours, heureux ?
Bien sûr que oui que j’étais heureux ! Même si je n’apprécie pas toujours qu’on me fasse remarquer que je suis couvert de poils partout ! J’aurais aimé être lisse, une peau de soie, douce à caresser, à frôler. Au lieu de cela, je suis une sorte de boule de poils. Sonia adore plonger ses fins doigts dans ma toison drue, à jouer avec mes boucles. Ça me gêne toujours un peu mais si ma Sonia aime, je ne suis pas contre.
Tout ce qu’elle peut me susurrer à l’oreille, ces mots doux, ces mots cochons, mon oreille qu’elle mordille parfois tandis qu’elle se masturbe délicatement, ses phrases entrecoupées de petits cris…
Ah, toi, ma Sonia…
Ma peau sur la tienne, ta douceur sous mes mains, mon nez entre tes seins, dans ta petite touffe taillée, à l’orée de tes lèvres intimes, ton abandon dans l’extase…
Je veux tout de toi, je veux tes lèvres à croquer, tes seins à mordiller, ton ventre pour m’y vautrer, tes jambes pour t’adorer, tes fesses à mordre, ton sexe pour m’y enfouir, pour que tu sois à moi, rien qu’à moi, que pour moi, mon but, ma source, tout !
Tu sais tout ce que j’attends et désire, j’adore prendre, donner, échanger. Je veux ton amour, je veux ton corps et tu sais, ma Sonia, que j’adore ça et que je t’adore par-dessus tout.
Je suis possessif, je le sais. Je veux une femme qui veuille de moi, qui n’ait pas honte de dire « Je te veux », qui veuille me garder, comme moi je veux rester avec elle. Et que nous nous prouvions mutuellement que nous nous aimons et nous nous désirons pour toute une vie.
Toute une vie…
Toute une vie, depuis tes trois ans, depuis que tu m’as choisi dans cette vitrine pleine de peluches, moi, ton seul et unique nounours…
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