Le midi, j’aime souvent aller manger aux « Ptits Leus », une pizzeria pas très loin du siège social, et ce pour diverses raisons : bonne bouffe, le porte-monnaie ne souffre pas trop, le cadre sympa avec une terrasse ensoleillée et bien abrité, et surtout la petite nouvelle serveuse depuis quatre mois…
Pour être plus précis, la nouvelle petite serveuse, surtout depuis deux mois que je suis redevenu célibataire, ma vie sentimentale étant assez mouvementée…
Aujourd’hui, je suis seul, je n’ai pas de clients avec moi. Ceux-ci sont partis se faire un gueuleton d’enfer avec la direction et tel que je connais le secrétaire général qui les accompagne et qui détient les cordons de la bourse, ils ne sont pas près de revenir. D’ailleurs, le contrat est déjà signé, ma présence n’est plus nécessaire. Si je suis attablé à la terrasse, c’est uniquement pour Lou, son surnom ici, de son vrai prénom Louisette. Et puis j’avais la fainéantise de rentrer dans ma maison vide…
Ah, d’ailleurs, la voici, toujours aussi charmante, quelque soit le vêtement qu’elle porte. Aujourd’hui, elle nous joue la soubrette, toute en noir et tablier blanc. C’est mignon tout plein, un peu fétichiste, surtout dans l’état d’esprit que je suis en ce beau mois de juin ensoleillé. Comme je me suis installé à une table au fond, le dos au mur, j’ai le plaisir de la voir venir à moi et de la détailler à souhait. Oui, elle est vraiment jolie, ni trop grande, ni trop petite, bien équilibrée, ravissante quoi…
Comme d’habitude, nous parlons de tout et de rien. Je me souviens parfaitement les circonstances de notre rencontre. C’était sa première fois dans un restaurant à prendre les commandes et visiblement, elle n’en menait pas large. Elle s’était d’ailleurs plantée dans ma commande et redoutait ma réaction. Ce jour-là, j’ai découvert une nouvelle pizza orientale avec du miel, pas mauvaise mais que j’aurais hésité à prendre en temps normal. Amusé par la situation et devant son air catastrophé, j’ai simplement souri. Elle passa les quinze jours suivants à me remercier et moi à dire que ce n’était pas grave.
Il y a deux mois, quand ma copine m’avait largué comme un malpropre, elle avait vite remarqué que j’étais plutôt d’humeur maussade. Trois repas plus tard, elle connaissait tout de ma relation amoureuse avec Audrey, mon ex. Je me souviens très bien des mots qu’elle avait employé pour me dire qu’elle était désolée pour moi mais son expression semblait démentir ses propos. De temps à autre, elle me demandait si Audrey était revenue et je lui répondais que non. Jusqu’à, il y a deux jours, où je lui ai dit que c’était définitif et que même si Audrey revenait, je ne lèverai pas le petit doigt.
— Alors, Gilles, vous prenez le menu du jour ?
Je suis tiré de mes réflexions par sa douce voix. Cà va faire un bon mois qu’elle utilise mon prénom. Elle est juste en face de moi, accoudée à ma table, son visage légèrement ovale à portée de bras, carnet en main et j’ai droit à un splendide panorama sur son soutien-gorge pigeonnant. Le spectacle est ravissant, ses seins aussi. Je balbutie :
— Euh, o-oui, comme d-d’habitude… Vous connaissez mes goûts…
— Je n’en suis pas si sure… Me répond-t-elle, avec un large sourire.
Je n’arrive pas à décrocher mes yeux de son échancrure très attirante. Je ne sais pas si elle le fait exprès ou si c’est involontaire mais autant profiter de la vue ! Ses seins sont juste comme je les aime, ni trop petits, ni trop volumineux. J’adorerais capturer ces deux petites masses frissonnantes dans mes mains, en palper leurs volumes, à les caresser, à les embrasser. Mais hélas, ce n’est ni le lieu ni le moment…
Je me secoue intérieurement et tente de chasser ce fantasme si proche, si tentateur de ma tête. Je reprends la conversation :
— Oui, un menu. Surtout qu’il n’est pas mal du tout. Et mettez-moi un apéritif maison pour commencer, j’ai du temps devant moi : ma journée est finie !
— Déjà ?
— Oui, le contrat est signé et que je complète le dossier au boulot ou chez moi, çà ne change pas grand-chose ! Et puis, nous sommes vendredi, la veille du week-end, soyons relax.
— Et vous n’êtes pas reparti chez vous, direct ? Questionne-t-elle, intriguée.
— Comme vous le savez, rentrer dans une maison vide n’est pas très… amusant. Et puis, ici, j’aime bien et puis vous y êtes…
Houlà, je parle trop vite, moi ! Toujours accoudée à ma table, avec une vue magnifique sur sa poitrine, elle penche à présent la tête sur le côté, avec un petit sourire différent. Je me choppe une bouffée de chaleur, je dois être rouge pivoine. Je tente de continuer :
— Et puis le cadre sympa, le chef aussi… la nourriture est bonne…
— Et moi aussi ? Murmure-t-elle, ses yeux noisette grand ouverts.
Je marque un temps d’arrêt. Mon cerveau fonctionne à toute allure, parti dans un calcul des expectatives du style : le « moi aussi » s’applique à l’adjectif « sympa » ou à l’adjectif « bonne » ? Parce que çà n’implique pas la même signification ! Et puis, le ton de sa voix…
La situation s’éternise. Elle sourit toujours, la tête légèrement inclinée, quelques mèches sombres s’échappant de son chignon. Heureusement qu’aujourd’hui, il n’y a pas beaucoup de monde, je dirais même que je suis seul dans mon coin. Je respire un grand coup et je décide d’en avoir le cœur net :
— Je ne sais pas… si… vous réalisez mais…
— Mais ?
— La situation est… euh… embarrassante…
— Pourquoi ?
— D’après le fil de la conversation, vous me demandez si… enfin…
Il fait terriblement chaud aujourd’hui, je n’avais remarqué à quel point la température était caniculaire. Un four, même en terrasse. Non, ce n’est pas vrai, il fait vingt degrés à tout casser, c’est elle qui me met dans un tel état. Alors comme elle, je pose mes coudes sur la table, nos visages sont à présent à quelques centimètres l’un de l’autre, la vue dans son décolleté est encore plus plongeante. Elle attend…
— Si je vous… si je vous trouvais…
Et zut ! Je n’y arrive pas !
— Si vous me trouviez… bonne ? C’est çà que vous aviez à me dire ?
Là, j’hésite en deux attitudes, être royalement étonné ou lui coller deux bisous sur les joues ! Je viserai plutôt au milieu, sur ses délicates lèvres rosées. C’est dans cet état d’esprit que je réponds :
— Je serai fort tenté de vous embrasser…
Et merde !!!
— Euh, sur les joues…
Que je lui réponds hâtivement, sans arriver à me détacher de ses lèvres si tentantes. Son regard se trouble, elle poursuit d’une voix mal assurée :
— Que sur les joues ?
Alors là, si je n’ai pas compris, je suis un idiot…
— Non, pas que sur les joues…
Je la regarde intensément, elle me renvoie le même regard, fait de désir et d’espérance. Je réalise que je désire, que je veux cette fille, qu’elle me plait énormément et que je suis libre d’aimer qui je veux et comme je veux. Je reprends alors :
— Non, pas que sur les joues ! Je rêve de vous depuis un certain temps et si je viens souvent ici, c’est bien dans l’espoir de vous voir, d’être près de vous…
— J’avais cru comprendre… depuis Audrey… Fait-elle.
— Audrey, c’est du passé, c’est fini. Vous, vous êtes l’avenir… J’aimerais beaucoup que vous soyez mon avenir…
Elle est toujours là, face à moi, une mèche brune flottant sur sa joue. Je sens que beaucoup de choses se jouent maintenant et je ne veux pas avoir un mot malheureux. Elle se tait toujours et me regarde, le regard légèrement voilé, un fin sourire sur ses lèvres rosées et luisantes.
J’approche ma main des siennes, doucement, lentement. Je veux connaître la sensation de leurs touchers, leurs douceurs. Peu après, mes doigts s’entremêlent légèrement aux siens, sous son carnet de commande. J’en ai des frissons jusque dans la nuque. Sans quitter son sourire, elle libère sa main droite, celle qui tient le crayon de bois et sans me quitter des yeux, griffonne ma commande :
— Un apéritif maison puis un menu du jour… C’est bien çà que vous désirez ? Ce sera tout, Gilles ?
— Non… Vous…
— Désolée mais je ne suis pas au menu… Me sourit-elle plus espiègle.
— Dommage…
Sans lâcher sa main, je continue, plein d’espérance :
— Vous finissez à quelle heure, Lou ?
— Vous voulez m’attendre ?
— Oui !
— Dans ce cas, si vous le voulez bien, soyez là vers 15h30… Me dit-elle d’un air plus sérieux, plus grave.
— Oh oui que je le veux bien ! Je serai là et vous devez reprendre votre travail vers… ?
— Que demain matin, aujourd’hui, c’est moi qui suis de repos ce soir !
— Cà tombe très bien ! Dis-je un peu vite.
Elle me regarde en souriant pendant que je secoue la tête d’un air gêné.
— Ne vous excusez pas, vous dites ce que vous pensez, je l’avais vite remarqué. Dit-elle.
— D’habitude, je ne suis pas si direct…
— Sauf avec vos petites amies, vous me l’aviez dit tout au début, quand je débutais ici, rappelez-vous. Comme vous n’arrivez pas à tenir votre langue, dois-je comprendre que vous me mettez dans la catégorie « petite amie » ?
Même si elle semble enjouée, sa voix est légèrement fêlée, sa question pas si anodine qu’elle voudrait le laisser entendre. Je la regarde droit dans les yeux et avoue :
— Si vous acceptez…
Elle ne répond pas mais certains silences en disent plus long que toute une phrase…
Sur un dernier sourire, elle retourne porter ma commande en cuisine. En tendant la tête, je la vois qui part vers le bar. Se sentant observée, elle s’arrête en pleine salle, son visage tourné vers moi et semble s’amuser de ma position ostensible. Comme un collégien pris en défaut, je me cale sur ma chaise en attendant que les secondes, que les minutes s’écoulent et qu’elle revienne vite vers moi. Mais hélas, il y a d’autres clients et je suis dans un coin reculé de la terrasse. Mais à chaque fois qu’elle est proche de moi, nous nous regardons, nos yeux comme rivés, soudés. Et quand elle repart, j’ai la sensation d’être abandonné, j’ai vraiment l’impression d’être un gamin de quatorze ou quinze ans qui vit son premier amour d’été. Même avec Audrey que je croyais être le grand amour de ma vie, je n’ai pas connu de telles sensations.
Je ne prête pas attention à ce que je bois, à ce que je mange. Je suis dans l’attente qu’elle revienne vers moi. D’ailleurs, elle a « oublié » beaucoup de choses, le pain, l’huile qui pique, le parmesan, des serviettes, ma badois et j’en passe… Mais à chaque fois qu’elle est près de moi, je suis comme apaisé, heureux. Sans prêter attention à ce qui nous entoure, nous nous frôlons les mains, échangeons de longs regards, nous nous cherchons, nous nous trouvons.
La salle se vide peu à peu de ses clients, celle qui était un peu plus loin de moi aussi. Elle ondule, venant débarrasser les couverts, ses yeux noisette plongés dans les miens. À mon grand regret, elle repart mais, à mon ravissement, dans un splendide déhanchement, j’ai une vue admirable sur ses belles petites fesses, bien lissées par sa jupe noire.
Alors que je finis ma dame blanche, il me faut au moins çà pour refroidir mon ébullition interne, elle revient pour laver la table. Ah, elle a ôté son petit tablier blanc. Le spectacle qu’elle m’offre alors est mille fois plus dangereux pour ma salubrité mentale que celui son décolleté plongeant et pigeonnant. Avec application, le buste parallèle à la table, dans le parfait prolongement de ma vue, elle essuie lentement la table, l’arrondi totalement dévoilé de ses seins oscillants et ballotants sous le mouvement circulaire de l’éponge, un panorama intégral sur ses monts galbés que je convoite, sur cette plaine lointaine, son ventre plongé dans la pénombre de sa robe noire. J’entrevois au plus profond même une fine bande noire, celle de sa petite culotte…
Complètement subjugué, je tripatouille lamentablement ma glace, en oubliant totalement de la déguster, beaucoup plus occuper à savourer l’autre dessert qu’elle me propose à distance. Ma longue cuillère crisse au fond de l’étroite coupe quand dans un dernier mouvement, ses seins s’entrechoquent impudiquement et qu’elle passe sa langue lentement sur ses lèvres délicatement ourlées.
Me laissant complètement stressé, dans un état apoplectique, elle s’éloigne de moi, me laissant contempler stupidement la bouillie liquide qu’est devenu ma dame blanche…
Le patron, qui n’a rien remarqué, m’apporte l’addition. Lou est retenue en cuisine, certainement pour des problèmes d’intendance. Pendant que je règle la note, je la cherche du regard. Sa tête apparaît enfin et nous nous échangeons un long message muet, juste avant que je ne sorte.
Il n’est que 14h30, j’ai donc une heure à tuer. Une heure, c’est court mais dans ce cas présent, c’est long, très long. À pied, je déambule au gré des rues, des avenues, flânant devant les devantures, je remarque mille détails que je n’avais jamais distingués auparavant. J’erre sur la grand’ place, j’admire les façades reconstitués du Moyen Age. Cette ville possède un certain cachet, il faut que je sois amoureux pour m’en apercevoir. C’est évident, je suis amoureux…
Au détour d’une rue, je me retrouve nez à nez avec un distributeur de préservatifs. Je fouille mes poches à la recherche de monnaie, je glisse celle-ci dans la fente pour obtenir un paquet de trois emballages. Dans le doute, je me ressers et me voici en possession de six morceaux de caoutchouc. Je ne sais pas s’il se passera quelque chose mais dans le doute… Je glisse le tout dans la poche arrière de mon pantalon. Cà me fait tout drôle, il y a bien des années que je n’ai pas utilisé ce genre d’accessoires.
Et je repars déambuler au hasard des rues.
Cà va faire vingt minutes que je l’attends. Assis sur un seuil de porte, je consulte pour la centième fois mon agenda. Faut dire que je me suis pointé un peu (beaucoup) en avance. Enfin, je la vois qui sort du restaurant, toujours dans sa robe noir avec un petit gilet et un sac de la même couleur, une symphonie en noir. Du haut des marches, elle me cherche, l’air inquiet. Je me lève, lui fais signe et traverse la rue. J’ai envie de me jeter à sa rencontre tandis qu’elle descend lentement les hautes marches de la pizzeria.
— Il y a longtemps que vous êtes là ? Demande-t-elle.
— Euh non…
— Menteur… je vous voyais, à travers la fenêtre, aller et venir ! Sourit-elle.
— Bon, bon, je plaide coupable !
— J’ai même eu peur que vous ne partiez, lassé d’attendre… Avoue-elle.
— Pas de risque que je me lasse de vous !
Et hop, une parole sans réfléchir. Va falloir que je me surveille un peu plus. Visiblement, çà lui fait plaisir. Nous sommes tous les deux, l’un en face de l’autre et comme un grand dadais, je ne sais pas quoi faire de mes mains, ni quoi faire du tout ! D’un coup, je me souviens que ma voiture est garée sur le boulevard à moins de deux cent mètres d’ici. Je lui propose alors :
— Et si nous allions à ma voiture que je vous raccompagne chez vous… mais avant, j’aimerais bien vous inviter à boire quelque chose (je sais, c’est banal mais il faut un commencement à tout).
— J’habite à deux rues d’ici, souvenez-vous mais j’accepte volontiers le verre…
— C’est vrai, vous habitez sous les toits, une sorte de duplex…
— Exact, c’est petit mais c’est mon chez moi !
— Ma voiture est par ici…
Et joignant le geste à la parole, je lui prends le coude pour l’entraîner dans ma direction. Je ressens comme une faible décharge électrique, elle aussi car, étonnée, elle retire son bras, me regardant, surprise. Une idée, un bon prétexte me traverse l’esprit :
— Puisque, il semble que nous ayons un petit problème, je suggère une autre méthode…
— Laquelle ? Demande-t-elle, amusée.
— Celle-ci, garantie isolante !
Et je la saisis par la taille et l’entraîne avec moi. Isolante, je ne sais pas, j’ai plein de frissons partout mais j’adore le contact de sa hanche à travers le fin tissu de sa robe noire légère. C’est en silence, que nous rejoignons ma voiture, une petite Nissan sportive. Comme ma maman m’a bien éduqué, je lui ouvre la portière côté passager. Elle s’installe gracieusement, j’ai droit à un genou qui se dévoile et surtout à une nouvelle vue plongeant dans son décolleté pigeonnant. Je m’installe à mon tour et c’est parti pour aller boire un verre quelque part.
Où çà, je ne sais pas ! Je cherche dans ma tête un bon endroit, avec ce qu’il faut d’intimité pour nous deux. Ah si, je vois où ! Ah zut, je viens de louper la rue !!
— Et si nous allions plutôt chez vous ? Me dit-elle.
Je suis stoppé net dans mes cogitations laborieuses. En voilà une idée qu’elle est bonne ! Je n’aurai pas oser la proposer, enfin, pas tout de suite…
— Vous… voulez bien ?
— Si je vous le propose… Dit-elle, rougissante.
Elle est adorable quand elle rougit.
— Euh, oui… Bonne idée… très bonne idée…
— Ou bien, vous craignez de me faire visiter une maison de célibataire mal rangée ?
— Absolument pas, ma maison est clean !
Et pour cause, je paye une femme de ménage et elle est passée ce matin !
Moins de dix minutes plus tard, nous arrivons devant chez moi, une ancienne boucherie dans un quartier assez chic, un héritage que j’ai rénové sur cinq ans et je suis assez fier du résultat. J’engouffre la voiture sous le porche afin d’accéder à la petite cour intérieure qui borde l’ancien atelier de découpe. Lou n’attend pas que je lui ouvre la portière, déjà dehors, elle regarde étonnée l’endroit restauré (avec goût, je précise), un mélange de moderne et de tradition, noyé sous une végétation luxuriante. Je viens me placer à côté d’elle pendant qu’elle pivote sur elle-même pour examiner le tout.
— Pas mal, votre petit chez vous !
— Un héritage, çà m’a prit du temps mais j’en suis content !
— Vous pouvez l’être !
Sans que je comprenne ce qui m’arrive, elle se jette sur moi et m’embrasse fougueusement. Pour ne pas être en reste, je lui rends son baiser, y mettant toute ma ferveur et mon impatience. Adossé à la voiture, je l’enlace avec ardeur dans mes bras, la couchant presque sur moi, les courbes de son corps laissant leur douce empreinte sur le mien. Notre baiser est enflammé, mes mains caressent son dos, je sens sa peau frémissante à travers la fine robe, sous son gilet, ses doigts se perdent autour de mon cou, se noient dans mes cheveux courts. J’ignore combien de temps il nous fallu pour dessouder nos lèvres mais j’aurais aimer que çà dure encore plus longtemps, éternellement.
Elle est à présent toujours légèrement allongée sur moi, une main dans l’échancrure de ma chemise ouverte, un doigt sur mes lèvres. Nous nous contentons de nous regarder dans les yeux, nos fronts l’un contre l’autre, nous volant ci et là quelques baisers furtifs.
— Je suis bien contente que vous vous soyez enfin décidé ! Me lance-t-elle.
— J’hésitais, je ne savais pas comment…
— J’avais compris… C’est pourquoi… euh… je… j’ai…
— C’est pourquoi vous avez décidé de m’aider un peu ?
— Oui !
Elle rougit, baissant les yeux, son doigt taquinant le contour de ma lèvre inférieure.
— Et je vous en remercie ! Sans vous, je dois reconnaître que dans un mois ou deux…
— Donc j’ai bien fait ?
— Oh que oui et je vais vous le prouver sur le champ !!
Et je l’embrasse encore plus passionnément, elle s’abandonne contre moi, se laissant dévorer, me croquant à son tour, nos lèvres rivées, soudées dans mille frissons.
Peu après, nous sommes dans le grand salon. Je ne lui ai même pas laisser le temps de regarder comment il était agencé que je la couche fiévreusement sur le grand canapé d’angle et que je me jette sur elle pour la couvrir de baisers incendiaires auxquels elle répond fébrilement. Des mèches sombres s’évadent de plus en plus de son chignon malmené et retombent en cascade sur le tissu vert foncé du canapé. Son gilet et son sac gisent sous la table basse en verre, tout comme ses chaussures. Le nez plongé dans son cou, j’embrasse la moindre parcelle de sa peau veloutée, me permettant de lui caresser doucement un sein par-dessus sa fine robe. Elle ne me repousse pas et c’est avec une satisfaction évidente que je sens une petite pointe percer à travers le tissu léger sous ma paume et mes doigts. Passés sous ma chemise défaite, ses mains m’agrippent le dos, cherchant ses reliefs, me pressant contre elle. Quelques instant plus tard, je me retrouve torse nu, ma chemise valsant sur la table basse. Elle prend une certaine satisfaction à caresser mes reliefs, mes formes que j’entretiens depuis plus de dix ans par des séances régulières à la piscine. Sans être un culturiste, loin de là, j’ai quand même une musculature développée par d’innombrables heures de nage et comme je suis peu velu, sauf sur la poitrine, Lou éprouve autant de plaisir à glisser ses doigts sur ma peau que moi à découvrir les rondeurs de ses seins.
A cette idée, je décide de m’attaquer à l’échancrure de sa poitrine, à ce qu’elle cache dans le mignon soutien-gorge pigeonnant. Je plonge mon nez délibérément dans le sillon entre ses seins, le couvrant de baisers, m’attardant sur ses douces et affriolantes rondeurs.
C’est alors qu’elle saisit ma tête entre ses mains et la relève.
— Ne croyez-vous pas que… nous allons un peu vite ? Demande-t-elle.
— Je comptais rattraper le temps perdu… à rêver de vous, à vous savoir dans mes bras, à vous embrasser partout…
— Je comprends mais j’estime que nous allons quand même un peu vite. Ce n’est pas que je suis prude mais coucher dès le premier soir, c’est un peu rapide…
Bien qu’un peu frustré au fond de moi, je tente de bien prendre le tout avec humour :
— Pas le premier soir, mon amour, le premier après-midi !
— Oui, oui ! Je sais bien que c’est moi qui ai demandé de venir ici mais franchement que penseriez-vous d’une femme qui… euh… s’abandonne si vite ?
— Vous regrettez d’être ici ? Dis-je, un peu inquiet.
— Non mais je suis un peu dépassée par les événements, je ne pensais pas que çà irait si vite… enfin, vous comprenez ?
— Je ne comprends pas tout à fait mais je crois deviner…
Toujours torse nu, je m’agenouille devant elle qui se redresse sur un coude. Décoiffée, les yeux scintillants, les lèvres brillantes, elle est totalement adorable. Je vois bien qu’elle est partagée entre deux tendances contradictoires. Elle secoue la tête puis s’accroupit à son tour sur un coussin du canapé d’angle. Elle me dépasse à présent d’une tête. Le conflit qui l’agite est visible sur son visage légèrement ovale :
— Je ne voudrais pas que… vous me… enfin, que vous me preniez pour une… allumeuse mais…Je reconnais que je n’ai rien fait pour vous freiner… mais… comment dire…
Je l’interromps au milieu de son discours haché :
— Soyons clairs : je vous suis très reconnaissant d’avoir fait le premier pas, je reconnais que j’ai une envie folle de vous, là maintenant tout de suite !! Et que je suis un peu…disons, frustré mais je peux attendre : que m’importe de vous…euh… posséder là, tout de suite si je peux vous garder plus tard !! Ah, je m’exprime mal…
— Non, vous vous exprimez bien et je suis heureuse que vous me disiez franchement ce que vous en pensez et…
— Et ?
— Et je suis encore plus heureuse que…
— Que ?
— Que vous voulez me garder !
Et nous nous regardons dans le blanc des yeux pendant de longues secondes. J’en profite pour la détailler, j’admire quasiment tout en elle. Je passerai des heures à la regarder… Je passerais aussi des heures à lui faire l’amour ! C’est elle qui rompt le silence en me demandant :
— Vous auriez quelque chose à boire, s’il vous plait !
— Oh pardon, je manque à toutes mes obligations… Que voulez-vous boire ? J’ai de tout ici ou presque !
— Un Coca Light citron, si vous avez…
— Citron, ah !? (flûte, elle est tombée sur ce que je n’avais pas !)
— Citron, le plus glacial possible, si vous avez ! Confirme-t-elle.
— J’ai pas çà ici mais l’épicerie du coin en a, j’y vais !
— Ce n’est pas la peine, je…
— Taratata, restez ici, je reviens dans deux, trois minutes !
Le temps de reprendre ma chemise et mon portefeuille, je sors. Peu après, je reviens avec deux boites de Coca glaciales et d’autres trucs comme une baguette. Elle est toujours allongée sur le canapé vert mais une surprise de taille m’attend et me cloue sur place : elle a ôté sa robe et elle n’a sur elle qu’un soutien-gorge noir très pigeonnant ainsi qu’un petit slip à dentelles de la même couleur ! Dans ces conditions, je veux bien aller dévaliser le contenu du l’épicerie du coin pour avoir et voir la suite !!
— Euh… voici votre coca…
Bon, là, je n’ai pas l’air con ! Je ne sais pas comment prendre la chose ! Les minutes d’avant, elle me sort le couplet du « je ne suis pas une fille facile » et la minute d’après, elle est complètement offerte sur mon canapé…
— Merci ! Me dit-elle simplement en prenant la boîte.
Je ne réponds rien, je suis trop occupé à l’admirer. Il n’y a pas à dire, j’ai bon goût (sic!) : elle est totalement ravissante et sexy. Une splendide poitrine bien faite, ni trop petite, ni trop importante, des épaules attirantes et des bras fins mais avec un zeste de muscle, certainement de la gym ou du rameur, un ventre mignon tout plein dans sa rondeur et des jambes ! Houlà, les jambes ! C’est bien simple, je n’arrive pas à trouver les bons adjectifs pour les qualifier, ah si : sublimes ! A en être à ses pieds, qui ne sont pas mal du tout non plus…
— Vous devez me trouver versatile, non ?
— Honnêtement, je ne sais plus quoi penser ! Dis-je, un peu déboussolé mais admiratif.
Elle décapsule son coca et le boit impatiemment, sans fioriture, elle avait effectivement soif, très soif. Ce faisant, elle renverse la tête, tend son cou en arrière, ce qui darde ses seins encore plus vers l’avant, prêts à sortir du soutien-gorge pigeonnant. Du coup, je vois apparaître en catimini l’orée de ses aréoles brunes, ce qui déclenche instantanément une réaction physiologique non négligeable dans mon pantalon. Tout son corps est tendu, sa peau luisante, ses yeux fermés, ses mèches éparses, et cette goutte qui s’échappe de ses lèvres et qui va se perdre sur sa joue, tous ces petits détails, cet abandon me poussent à la désirer encore plus, sans espoir de retour.
— Ahhh ! Fait-elle dans un soupir de satisfaction, les yeux fermés, son menton sur sa poitrine, la canette au sol au bout de ses fins doigts.
Quand elle les ouvre à nouveau, je suis à genoux, face à elle, fou de désir. Elle écarquille les yeux, l’air légèrement étonné, la bouche entrouverte. Sans la quitter des yeux, je pose alors la boîte froide de mon coca sur le coussinet de ses seins, juste dans le creux du sillon. Elle tressaille, j’en frissonne pour elle. Fermant les yeux, plaquée contre le dossier du canapé, elle s’abandonne à cette froide caresse. Je fais alors rouler délicatement la boite glacial sur les rondeurs dévoilés de ses seins, épousant au mieux leur suaves courbes, laissant sur mon passage des zones humides de condensation et une peau qui s’hérisse sous la morsure du froid.
Je couvre alors de baisers brûlants tous les endroits que j’ai ignoblement martyrisés tandis que mes doigts repoussent délicatement la bretelle de son soutien-gorge le long de l’arrondi de sa douce épaule. Cela semble combler d’aise ma partenaire qui soupire doucement. Fasciné par sa peau hérissée, je suis les faibles aspérités du bout de ma langue. Au bas de la courbe veloutée de son sein, émerge légèrement une aréole sombre qui me tente particulièrement. Sans préambule, affamé, je glisse ma langue sous le rebout du tissu pour aller cueillir sa pointe cachée dessous. J’ai la satisfaction de câliner une petite tour au goût suave que j’enrobe amoureusement.
Ce faisant, je dégage lentement mais complètement son téton érigé que je cueille à présent du bout des lèvres. L’aréole est entièrement dévoilée et je peux en admirer le cercle quasiment parfait constellé de petites aspérités douçâtres.
Ma bouche se recule afin que la boîte toujours glaciale roule sur cette pointe tendue. Tressaillant sur la morsure du froid, Lou pousse un soupir voluptueux plus marqué. N’y tenant plus, ma main passant dans on dos, défait prestement l’agrafe et son soutien-gorge choit sur le coussin d’où je le chasse. C’est au tour de l’autre sein de subir cette fine torture à laquelle Lou souscrit en m’offrant son téton dressée presque sous mon nez. Avec avidité, je lui suce un mamelon tandis que l’autre subit l’étrange et froide caresse. Puis j’alterne sur ses tétons érigés la froidure de la boîte avec la brûlure de ma bouche.
Tout en caressant de la langue les doux volumes de sa poitrine, la boîte trace lentement sa route sur son ventre qui incurve de frissons épars. Lou se cambre sur le froid et s’arque encore plus quand le tube d’acier achève son cheminement à l’orée de son slip noir. Délaissant ses seins, j’ôte momentanément la boîte pour saisir son slip délicatement entre mes doigts. Mon intension est claire, je veux pouvoir découvrir et admirer ce qui se cache sous ce faible rempart de tissu qui tombe au sol très vite. Apparaît alors une mignonne chatte sombre pas trop fournie qui encadre parfaitement des lèvres bombées et luisantes. Une jambe contre le dossier et l’autre qui s’abandonne vers le sol, Lou s’ouvre complètement à ma convoitise, m’offrant une totale liberté d’exploration de son intimité.
Sadiquement, je dépose alors la boîte froide sur son mont de Vénus et la fais glisser doucement vers son entrejambe à la rencontre de ses poils. Frissonnante, Lou émet un bref gloussement, une sorte de petit rire étouffé. Quand le tube épouse ses lèvres dodues, elle réprime un frisson mais ne peut s’empêcher d’haleter fortement. Quant la caresse devient insistante, lui écartant doucement mais fermement les repris de sa fente, elle serre violemment ses cuisses, emprisonnant ma main et l’objet incongru qui la torture.
— Réchauffe-moi !! Me souffle-t-elle.
C’est bien mon intention ! Envoyant la boîte dans un recoin du canapé d’angle, je plonge ma bouche dans sa touffe, ma langue réchauffant agréablement sa peau hérissée, s’insinuant pour de délaisser aucune parcelle de sa chair. Mes doigts caressant sa cuisse, c’est avec volupté que je savoure ses liqueurs, les senteurs de sa fente mouillé tandis que je masse un sein qui s’englobe parfaitement dans le creux de mon autre main. J’aimerai bien continuer plus longuement l’exploration de son magnifique corps mais mon envie d’exploser devient intenable.
Elle est à moi, rien qu’à moi, rien que pour moi. Je suis fou de cette idée, de cette femme qui est devenue tout pour moi en quelques instants. Ce matin, j’étais comme sans but dans ma terne existence et maintenant elle est là, elle remplit tout mon espace vital.
Je suis tendu vers un seul et unique but : tout avoir d’elle, tout posséder d’elle. Je me sens puissant, fort, un fleuve impétueux qui ravage la plaine, un astre vigoureux qui scintille de mille feux. Un tas d’images lyriques (et un peu niaises) me parcoure l’esprit, moi qui ne suis doué que pour les chiffres et nul en littérature…
Oui, l’amour, çà rend crétin mais, dieu, que c’est bon d’être crétin ainsi…
Rien ne nous séparera. Rien !
— Tilititutu !
Que ? C’est quoi ce truc ??? Je la sens frémir sous ma langue, toujours plongée dans ses délices. Son corps se raidit, se tend, frémit.
— Tilititutu !
C’est une sonnerie de téléphone portable, ce truc. Pas le mien… Gentiment mais fermement, elle repousse ma tête, me lance un sourire navré et s’arrache du canapé pour se jeter sur ses habits. Interloqué, à genoux, je la regarde, nue, extirper un portable miniature et le coller à son oreille.
J’assiste alors à une conversation d’une haute élévation sémantique :
— Allo ?
— Euh… oui…
— Ah ?
— Oh !
— Ah !
— Hum hum…
— Bon !
— Oui…
— Ok !
— Bye !
Elle s’affaisse au sol, secoue la tête puis me regarde. Elle a toujours son sourire navré sur les lèvres. Elle soupire longuement. Houlà que je n’aime pas çà. Elle plisse des yeux, son sourire devint plus joyeux et me dit alors :
— Eh bien, il sera dit que… nous devrons attendre un peu…
— Comment çà ?!
— Mon patron me réclame d’urgence : le copain de Valérie vient de téléphoner au restau pour dire qu’elle était à l’hôpital pour une appendicite…
Je suis contrarié, très contrarié. Frustré, horriblement frustré. Je m’assois en tailleur, le dos contre le canapé. Je me cherche une contenance. Je soupire :
— Lou, vous étiez obligée de répondre ?
— Très peu de personnes ont ce numéro de téléphone. J’ai deux téléphones sur moi, un pour tout le monde et un autre pour les priorités…
— Et c’était une priorité, je présume.
— Oui, c’était la sonnerie du prioritaire.
Elle se lève, nue, sa peau satinée, ses courbes parfaites en contre-jour, splendide dans la lumière qui baigne le salon. Elle s’approche de moi, dépose un baiser appuyé sur mes lèvres. Je saute sur l’occasion pour l’enlacer et répondre à son baiser fougueusement. Quelques instants plus tard, elle se détache de moi.
— Cà vaut mieux ainsi, Gilles. Même si j’en avais envie, très envie. C’était trop rapide… trop tôt… Vous comprenez ?
— Oui, enfin oui… Bon, je vous raccompagne là-bas. Mais… quand aurais-je le plaisir de vous revoir ?
C’est puéril mais il faut que je sache.
— Je crains qu’avec l’appendicite de Valérie, mes journées ne soient fort remplies !
— Vous finissez à quelle heure ce soir, cette nuit ?
— Vous en êtes à ce point-là ?
— J’en suis au point de vouloir vous séquestrer ici et ne plus jamais vous laisser partir !
— Si je vous téléphone quelques minutes avant d’avoir fini mon service, vous venez me prendre ?
— Oh que oui !
— Alors je vous téléphonerai.
Je reprends espoir :
— Et ce ne sera plus… trop… tôt ?
— Ce sera demain ! Me dit-elle dans un grand sourire.
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