Brigade des mœurs (1) – Le pointeur

Candice était excitée comme une puce !
Ce soir, elles allaient s’éclater comme des dingues !
Ce soir serait même peut-être LE grand soir !
Tout était prêt.
Le plan était réglé aux petits oignons, les alibis en place, tout devait marcher comme sur des roulettes.
Officiellement, elle et sa meilleure amie Juliette devaient rejoindre des copains et copines au resto afin de fêter ensemble l’obtention de leur bac.
Candice avait obtenu de vive lutte de ses parents de pouvoir aller dormir ensuite chez Juliette qui, elle, habitait au centre ville, ce qui était plus pratique.
L’éducation sévère de ses vieux avait enfin vacillé, pour la première fois.
C’était une récompense qu’elle méritait : Obtenir une mention « très bien » n’était pas donné à n’importe qui !

Ce que les parents de Candice ne savaient évidemment pas, c’était que les deux jeunes filles n’avaient guère l’intension de dormir cette nuit.
De chez Juliette, elles pourraient facilement faire le mur pour aller rejoindre le reste de la bande en boite et éventuellement finir la nuit à squatter chez l’un ou l’autre.
Le principal étant d’avoir réintégré les lieux officiels avant l’heure du réveil parental.

Juliette était encore plus surexcitée que Candice. Et pour cause ! Elle lui avait soufflé à demi mot que si ce soir Mathieu lui redemandait de… « crac-crac », cette fois ci, elle ne dirait sans doute pas non !
Alors Candice avait décidé qu’il était hors de question qu’elle reste la plus niaise de la bande et que si son « Ben » se sentait pousser des ailes, elle n’allait pas non plus se refuser à lui.
Bon, pour être franche, Candice ne savait pas encore si elle oserait vraiment franchir le cap le moment venu mais elle s’était préparée pour : Maillot intégral, petits dessous affriolants empruntés à Marie, petite tenue « hot » cachée sous les vêtements plus sages qui seraient « oubliés » lors du passage éclair chez Juliette, les filles en profiteraient pour parfaire un maquillage plus … adéquat et enfin, cerise sur le gâteau, Juliette avait piqué une boite de capotes dans la « planque » de son frère.

Oui, pas de doute, tout était fin prêt !

Les festivités pouvaient commencer !

*****

Benoit Cernin contemplait la petite merveille allongée sous ses yeux. Elle était superbe. Superbe et mûre à point.
Ses longs cheveux blonds bouclés auraient sans doute besoin d’un bon coup de brosse demain matin mais cela n’entachait en rien sa beauté naturelle. Pas plus que son maquillage excessif qui commençait à accuser quelques imprécisions dues à l’heure tardive.
Le corps à l’abandon, elle attendait que le prince charmant daigne s’occuper d’elle… Et Benoit allait bien s’en occuper, pas de doute là-dessus !
Il avait déjà baisé nombre de petites bombes comme elle, mais celle-ci promettait d’arriver en tête de liste. Quel corps de rêve !
Il était bien placé pour savoir qu’il lui manquait encore quelques mois pour atteindre la majorité mais il n’en avait cure. Bien au contraire, cela l’excitait encore plus.

Il se pencha vers elle et posa ses lèvres sur celles de la jeune fille.
Elle ne lui rendit pas son baiser mais il eu le temps de remarquer son haleine fortement alcoolisée. Ca, ce n’était évidemment pas une surprise.
Il continua à embrasser doucement le visage offert. Déjà, ses mains s’aventuraient sur le buste de sa partenaire. L’une d’elles glissa jusqu’au niveau du ventre, se faufila sous le top léger puis remonta à même la peau veloutée.
Elle frissonna et gémit de contentement.
Oui, mure à point !

Benoit se releva et alla fermer la porte. Il faisait déjà très chaud dans la pièce mais il ne fallait pas qu’ils soient dérangés. Normalement, ils avaient une bonne heure devant eux. Cela devrait largement suffire…

Ceci fait, il dégrafa son ceinturon et entreprit de se déshabiller lentement, en prenant tout son temps. Il adorait cet instant. Celui de l’attente ultime, celui où la tension sexuelle était à son paroxysme…
Tout en déboutonnant sa chemise bleue, il lorgnait sur les longues jambes en grande partie dénudées.
Et il savourait.
S’ils savaient, ceux qui autrefois se moquaient et l’appelaient « le nabot » ! S’ils savaient quel genre de minettes il sautait régulièrement maintenant !
Ils en baveraient, pour sûr !
Et ce, sans faire appel à un talent quelconque ni grâce à des mensurations particulièrement avantageuses. Non, juste l’opportunité d’être au bon endroit au bon moment et l’art d’arranger les choses pour parvenir à ses fins. C’était si simple en somme !

Une fois nu comme un ver, il s’attaqua à la parure minimaliste de la jeune fêtarde.
Elle se laissa faire, docile.
Le top passa sans difficulté par-dessus les épaules, le soutien-gorge en dentelle blanche ne résista guère plus longtemps. Elle avait les seins petits.
Petits mais biens faits avec des aréoles étonnamment foncées pour son teint pâle. Cette blonde était-elle une fausse blonde ?
Il n’allait pas tarder à en avoir le cœur net.
Il fit glisser la mini jupe le long des jambes interminables et soupira en apercevant le string en dentelle blanche, lui aussi.
Pff ! Même pas 18 ans et c’est déjà maquillée et attifée comme une pute ! Comment alors s’étonner que ça se termine ainsi ?
Lorsqu’il tira le string vers le bas, il ne put réprimer un autre soupir, de déception, cette fois.
Impossible de savoir si c’était une fausse ou une vraie blonde : La drôlesse était totalement rasée ou épilée.
Benoit détestait cette mode de l’épilation intégrale !
Même s’il n’était pas non plus favorable à l’option « forêt amazonienne », il appréciait qu’il subsiste une petite touffe entretenue… pour la déco… et pour ne pas avoir l’impression de sauter une gamine pré-pubère. Parce qu’il avait beau être un gros dégueulasse, ça, c’était pas son trip !

Enfin bon, il n’allait pas non plus faire la fine bouche… fallait pas exagérer !

Il lui laissa ses escarpins.
Il adorait les sauter encore chaussées.
Encore un truc qu’il avait du mal à expliquer… Ses goûts, ses couleurs…

Une fois apprêtée comme il le voulait, il alla récupérer son appareil dans une de ses poches et prit un certain nombre de clichés. Pour lui, pour ses souvenirs, pour sa collec’ personnelle. Jolie collection, en l’occurrence ! En douze ans d’activité, c’était pas si mal.
Les filles ne refusaient jamais.
En général, il se contentait de pétasses éméchées ou de putes dans le besoin… mais là, c’était incontestablement de la salope de premier choix !

Ceci fait, il s’agenouilla à côté de sa jeune conquête et câlina longuement le corps alangui. Elle ronronna quand il lui caressa les seins, elle tressaillit lorsqu’il effleura sa petite fente… Son doigt s’inséra facilement entre les replis trempés, le chemin était déjà idéalement préparé… Ca leur faisait toutes ça.

Ses mains se gavaient de la sensation renouvelée de caresser un corps parfait.
La plupart du temps, la fille se contenta de gémir timidement.
Vraiment magnifique !

Puis, le moment venu, il glissa son membre semi rigide entre la double rangée de dents bien alignées et impeccablement blanches.
Elle n’était pas très douée mais après quelques allers et retours entre les lèvres purpurines la semi rigidité n’était plus qu’un lointain souvenir : c’était maintenant une belle colonne de chair dure et palpitante qui s’enfonçait dans la gorge accueillante
Alors il se dégagea, écarta délicatement les cuisses pâles de la jeune fille et s’installa entre.
Pendant quelques instants, il fit jouer son gland violacé le long des lèvres luisantes puis, quand il jugea la lubrification suffisante, il l’introduisit progressivement dans l’étroit fourreau avec un râle de satisfaction.
La jeune fille émit un long gémissement.

*****

Arque bouté sur ses avant-bras, Benoit savourait avec un plaisir sans nom la vue de son phallus écartant les chairs tendres à chaque aller-retour puissant et invasif.
Les petits seins tressautaient en rythme, la fille lâchait de petits cris confus chaque fois qu’il allait buter tout au fond d’elle.
Il regretta de n’avoir pas pensé à amener aujourd’hui son matos habituel. Il se serait bien filmé en train de pénétrer ce petit canon !
Et il le regretta d’autant plus lorsqu’il remarqua le petit filet de sang qui souillait sa queue sur quelques centimètres.
Bon sang ! C’était ça la légère résistance qu’il avait sentie au départ ! Cette fille était vierge !
Ca c’était une réelle surprise !

Cette découverte précipita son orgasme. Il sentit monter inexorablement la vague ultime et il explosa dans un grognement sourd, libérant ses quelques centilitres de plaisir au fond de la petite cavité jusqu’alors préservée.

*****

Reprenant lentement ses esprits en goûtant les derniers frissons de jouissance, Benoit s’était assis aux pieds de sa conquête.
Il jeta un œil sur le banc d’à côté où l’autre fille, la brune, attendait patiemment qu’il ait fini de troncher sa copine.
Nettement moins mignonne, celle-ci avait néanmoins un cul d’enfer !
Si elle lui laissait le temps de récupérer un peu, il pourrait aussi s’occuper d’elle… Avec un peu de bol, elle aussi serait pucelle.
Quoique. Avec un pétard pareil… Benoit se demanda s’il n’allait pas plutôt lui fourrer le croupion.

*****

Quelques semaines plus tard…

« – Alors, qu’est ce qu’on a ce matin ? »
« – Bah, le vulgus du lundi matin : Le lot habituel de plaintes pour violences conjugales du samedi soir. En plus, vendredi c’était la fin du mois : Les picolos avaient de la ressource…
Sinon, trois plaintes pour agression sexuelle et deux pour voie de fait. C’était plutôt calme du côté des violeurs…
A part ça, l’exhibi du square Brel a encore fait des siennes ce week-end. Il va vraiment falloir qu’on lui mette la main dessus. Le maire nous met la pression : Les riverains commencent à se plaindre sérieusement et les nounous n’osent plus aller se promener dans le square. »
« – Ouais, Francis et Sylvain, vous vous mettez là-dessus ? Ce serait bien qu’on ait serré ce fumier avant le week-end prochain. »
« – OK chef ! »
« – Par contre, voici qui sort un peu de l’ordinaire : Le SRPJ de Pontoise nous demande de venir en renfort avec l’IGPN sur un dossier. »
« – Tiens donc ! Voilà qui est peu banal en effet, tu peux nous donner un peu plus de détails ? »
« – Oh bien sûr, si tu crois que je vous ai attendus pour potasser le dossier ! »
« – Ahh ! Brave fille ! »
« – Hé ! T’as beau être mon supérieur, appelle-moi encore une fois « brave fille » et je te fais bouffer tes galons ! »
« – Ne monte donc pas sur tes grands chevaux ! Et regarde dans le dico : Brave : Qui fait preuve de bravoure ; Je ne vois pas en quoi cela pourrait t’offusquer ! »
« – C’est ça, te dérange pas, fous-toi de ma gueule pendant que tu y es. »

Pierre afficha un sourire canaille. Il adorait asticoter Alex : Elle répondait toujours au quart de tour. Depuis le temps, elle avait beau savoir qu’il faisait ça uniquement pour voir le rose empourprer ses jolies joues parsemées de taches de rousseur, elle continuait quand-même. C’en était devenu un jeu entre eux.
A 42 ans, Pierre Sabani dirigeait la brigade depuis bientôt quatre ans. Dès le début, il avait su imprimer sa marque et instaurer une saine ambiance de camaraderie au sein du groupe sous ses ordres.
Parmi ses subordonnés, Alexandra Verneuil était indéniablement sa chouchoute.
Il faut dire que bien qu’elle fut de trois ans sa cadette, ils avaient fait leurs premières armes aux « mœurs » ensemble.
Ils avaient même un peu flirté, à un moment, juste après son divorce, mais ça n’avait pas été très loin. Et quelque part, c’était mieux ainsi.
Depuis, il était devenu son supérieur direct et si le sexe fait rarement bon ménage avec le boulot, que dire lorsque les rapports hiérarchiques s’en mêlent !
Alex avait fini par trouver son bonheur dans les bras d’un agent commercial (un sombre abruti aux yeux de Pierre) et lui-même avait retenté l’aventure du mariage, avec Janie. Aventure qui s’était soldée par un nouvel échec quelques mois plus tôt.

« – Alors, dis-nous tout. »
« – Et bien voilà : Il y a deux semaines, monsieur et madame Blanckaert et leur fille sont venus porter plainte au commissariat de Pontoise parce que –tenez-vous bien – leur fille Candice était enceinte. »
« – Tiens donc ! En général, on sabre plutôt le champagne pour une telle nouvelle ! »
« – Oui, sauf que leur Fille n’a pas encore 18 ans. »
« – Ah. Oui, en effet, c’est moins top… Mais enfin bon, la majorité sexuelle c’est 15 ans. La demoiselle a le droit de faire ce qu’elle veut après-tout. »
« – Oui, sauf que la gamine jure ses grands dieux qu’elle n’a jamais, au grand jamais, eu aucune relation sexuelle de quelle nature que ce soit. »
« – Allons bon ! Encore une immatriculée conception ! »
« – Oui, ricana Francis, on connait le topo : Encore une qui a fauté avec son copain sans prendre de précaution et qui n’assume pas les conséquences lorsque les parents découvrent tout d’un coup que leur petite chérie a une vie sexuelle active ! »
« – Peut-être mais les Blanckaert ne veulent pas en rester là. C’est une famille hyper catho, ils prennent ça pour une humiliation publique et ils sont prêts à croire tout ce que peut leur raconter leur fille pourvu qu’ils puissent rejeter la faute sur quelqu’un d’autre. Ils ne lâcheront donc pas le morceau tant qu’il ne sera pas fait une lumière complète sur tout ça. »
« – Et ils ont porté plainte contre qui ? Le petit copain, si petit copain il y a ? »
« – Oui, il y a un « ami » mais non, ils ont porté plainte contre X. »

« – Bon OK, voilà une histoire assez peu originale en fin de compte mais je ne vois pas ce que les « bœufs » font là-dedans. »
« – Ben attends, laisse-moi finir : Donc, comme Henri Blanckaert est un homme influent de la région (on avait parlé de lui pour briguer un poste de député, il y a peu), les gars de Pontoise n’ont pas pu opérer le « classement vertical » dévolu à ce genre d’affaire en général et ils ont commencé à creuser un peu : Ils ont asticoté le petit ami, un dénommé Benjamin Cenis mais celui-ci nie farouchement avoir eu une quelconque relation charnelle avec la fille Blanckaert. Au plus admet-il quelques attouchements à peine ébauchés et absolument consentis. »
« – Et la jeune fille n’aurait-elle pas participé à une soirée un peu trop arrosée au cours de laquelle elle se serait comme qui dirait « oubliée » ? »
« – Ahh ! je vois bien là l’expression de l’esprit particulièrement aiguisé et déductif de notre chef adoré ! »
« – Arrête la lèche : Personne n’y croit. »
« – Si : moi ! Bon ok, si je comprends bien, c’est foutu pour mon avancement. »
Pierre soupira d’impatience
« – Bon, si tu accouchais avant que ce soit le tour de cette pauvre fille… qu’en dis-tu ? »
« – Ok ! Ok ! Bon alors, j’en étais où ? Ah oui : Papa et maman Blanckaert, dans leur précipitation à invoquer l’action de Belzebuth pour expliquer l’état de leur fifille chérie avaient pris soin d’omettre un détail important dans leur première déposition : Quelques semaines plus tôt, début juillet, le pater avait usé de toute son influence pour étouffer une autre affaire quelque peu embarrassante pour la réputation de la famille en général et celle de leur fille en particulier : Au sortir d’une soirée de fin d’année, celle-ci a été arrêtée en compagnie de sa meilleure amie, Juliette Vaugrenard, alors qu’elles s’acharnaient à massacrer la devanture extérieure d’un magasin de chaussures du centre ville, toutes les deux dans un état d’ébriété hautement avancé. Elles ont été conduites en cellule de dégrisement pour le reste de la nuit et les parents sont venus les chercher au petit matin. Apparemment, ils n’étaient pas au courant de l’escapade de leur progéniture qui était sensée dormir chez la petite Vaugrenard. »
« -Bonjour l’ambiance dans la famille après ça ! »
« – Ouais, enfin Blanckaert a payé les dégâts occasionnés rubis sur l’ongle en échange du retrait de la plainte du commerçant. Et tout ça, pour conclure, je vous le donne en mille Emile… que selon les premières estimations, la date de cette soirée coïncide exactement avec le terme supposé de la grossesse de Candice Blanckaert ! »
« – Bon ben voilà, pas de quoi fouetter un chat : La gamine était trop bourrée pour se rappeler qu’un des mecs de la fête lui a fait sa petite affaire dans un coin ! Hop, l’affaire est entendue ! »
« – Tu oublies un petit détail, Françis : L’IGPN… Je réitère donc ma question : Pourquoi l’IGPN ? »
« – Rhôô ! Encore bien vu, chef !
En fait, tous les témoignages des jeunes présents ce soir là concordent : Candice Blanckaert n’est jamais restée seule sans sa copine tout au long de la soirée et toutes les deux ont un souvenir assez précis de ce qu’il s’y est passé et donc, sauf à imaginer une entente concertée et peu probable entre tous ces jeunes, il n’y a pas la place, dans ce scénario, pour le moindre « interlude sexuel ».
En revanche, elles disent toutes les deux s’être endormies rapidement dans la cellule où on les avait placées ensemble, ce qui paraît assez bizarre pour des adolescentes de bonnes familles qui « visitaient » pour la première fois ce genre d’endroit. A leur place, n’importe qui aurait dessoulé illico et n’aurait pas fermé l’œil de la nuit en pensant à l’inévitable explication qui allait intervenir avec les parents… D’où la conclusion des enquêteurs et le pourquoi de l’intervention des bœufs-carottes dans ce dossier : Ce pourrait être un flic qui aurait fait le coup, en droguant les gamines et en abusant de la petite Blanckaert… avec les conséquences que l’on connait. »

Les six personnes présentes dans le bureau laissèrent un silence songeur s’installer après cette conclusion. L’histoire prenait d’un coup un tour beaucoup moins fun. Même si la spécificité de la brigade les avait depuis longtemps rodés aux détails les plus sordides, tous s’accordaient pour admettre que le temps des remarques narquoises était derrière eux dans ce dossier.

Stéphanie intervint pour la première fois :
« – Bon, c’est quand-même assez simple : on relève les ADN de tous les flics présents ce soir là au commissariat (ainsi que ceux de tous les mecs de la soirée, au cas où) et on les compare à celui du fœtus et le tour est joué ! On n’a pas besoin de se torturer les méninges plus que ça. »
« – Oui, sauf qu’il y a encore un hic : Pour cela, on a besoin de pratiquer une amniosynthèse, or les Blanckaert refusent catégoriquement tout ce qui pourrait porter atteinte à la santé du fœtus. »
« – Ben nous voilà dans de beaux draps ! On n’a plus qu’à attendre la naissance du bébé. »
« – Et risquer que celui qui a fait ça recommence d’ici là ? Je ne crois pas, non, et ce n’est pas non-plus l’avis de l’Inspection Générale. »

*****

Un air suffisant affiché sur son visage grassouillet, le commandant Farlet dominait l’assistance d’un regard fatigué.
Il savait que les unités de terrain n’appréciaient guère de collaborer avec ses services. L’IGPN avait toujours aussi mauvaise presse à l’intérieur même de l’institution.
Mais c’était voulu et habilement entretenu : Ca évitait le copinage.

L’équipe de Sabani n’échappait pas à la règle.
Trois hommes, une femme, un absent excusé et une retardataire.

Par déformation professionnelle, il s’amusa à déterminer si un ripou pouvait s’être glissé parmi eux…

Sabani :
Un grand brun aux yeux noisette. Son air « latin lover » agaçait proprement Farlet mais il savait qu’il était droit dans ses bottes, trop préoccupé par la réussite de sa carrière pour pouvoir se permettre des écarts de conduite.

Francis Lecleach :
Toujours se méfier des bretons !
La cinquantaine, un physique quelconque, une tête à claquer sa paie dans des tripots clandestins.
Et quand on joue, on peut vite accumuler des dettes… Et quand on a des dettes, on fait des conneries…
A surveiller.

Gaëtan Morel :
Encore un jeune loup aux dents longues… Mais encore trop jeune pour avoir pris des mauvaises habitudes.
Quoique… se méfier de la fougue de la jeunesse.

Il manquait un homme : Sylvain Demitter.
Sa femme venait d’accoucher.
Bof, un jeune père ne prendrait pas le risque de jouer avec les règles… sauf s’il a du mal à joindre les deux bouts… A voir.

La seule femme pour l’instant : Alexandra Verneuil :
Incontestablement une belle plante.
35-40 ans, grande, châtain tirant sur le roux, il était prêt à parier qu’il y avait ou qu’il y a avait eu une histoire entre elle et Sabani.
Mais à part ça, rien à signaler.
Sans doute la plus intelligente du groupe, autant sinon plus douée que Sabani mais avec l’ambition en moins.
Ouais, si cette affaire s’éternisait un peu, il tenterait bien sa chance avec elle… Histoire de clouer le bec à ce bellâtre de Sabani !

Mais lorsque la porte de la salle s’ouvrit à la volée pour laisser apparaître le sixième membre de l’équipe, Farlet ne put retenir un hoquet admiratif :
« – Bonjour, désolée pour le retard, les transports en commun, c’est plus ce que c’était ! Stéphanie Langmann, enchantée ! »

Enchanté, oui, c’était le mot !
Cette fille était une vraie bombinette !
Un peu plus petite que Verneuil, les cheveux bruns rassemblés dans une courte queue de cheval, des yeux d’un bleu isatis comme on n’en voyait que sur les photos retouchées des couvertures de magazines, un visage fin et racé, une silhouette nerveuse, elle semblait à peine sortie de l’adolescence !
Louchant sur les tétons qui pointaient fièrement sous le pull moulant, Jean-Pierre Farlet décida aussitôt de changer de cible…
Si cette fille avait quelque chose à cacher, il le saurait très bientôt… Ce serait un levier pratique et un raccourci parfait vers son plumard…

« -Bien, maintenant que nous sommes enfin au complet, est-ce qu’on pourrait faire un topo de la situation ? »

Alexandra Verneuil pris la parole :
« – On a de nouveau interrogé les deux jeunes filles. Leurs témoignages concordent jusqu’à leur arrivée au commissariat. Elles se rappellent avoir été mises en cellule à l’écart des autres pensionnaires du jour, puis de nouveau déplacées dans une pièce où il y a avait deux banquettes, pour leur permettre de dormir.
Entre-temps, le policier de faction avait été très « gentil » avec elles et leur avait même offert à boire.
Là où ça diverge c’est que pour l’une le policier était grand aux cheveux coupés très court, pour l’autre, il était plutôt petit et mal peigné. »
« – Ils sont donc peut-être au moins deux dans le coup… ce qui paraîtrait plus plausible, d’ailleurs. »
« – Peut-être. Sinon, concernant Candice Blanckaert, pas d’élément nouveau : Elle se souvient s’être réveillée avec des douleurs au bas ventre mais, sur le coup, elle a mis ça sur l’angoisse liée à sa « grosse bêtise ».
Dans les jours qui ont suivi elle n’a pas eu d’autres inquiétudes physiologiques, elle ne se souvient pas avoir eu de saignements inquiétants… jusqu’aux premiers symptômes de la grossesse, grossesse diagnostiquée par le médecin traitant lorsqu’il a été sollicité pour des « troubles digestifs persistants ».
Depuis, elle est traumatisée, ne veut plus sortir de chez ses parents et refusent de reprendre une scolarité normale (elle devait intégrer une prépa HEC à la rentrée). »

« – Ca lui apprendra à faire le mur ! » Se gaussa grassement Farlet. « Et pour l’autre fille, la moche ? »

Alexandra tiqua mais ne releva pas l’incorrection.
« – Juliette Vaugrenard. A première vue, elle a été épargnée et a effectivement « bénéficié » de la grande beauté de sa copine… Du moins, c’est ce qu’on a cru au départ… Mais en l’interrogeant, on a vite compris qu’il y avait un problème, qu’elle nous cachait quelque chose… Alors on a insisté un peu… On n’a pas eu besoin de l’asticoter très longtemps… »

« – Et alors ? »

« – Elle nous a affirmé avoir conservé sa virginité mais cela ne veut pas dire pour autant que l’agresseur l’a ignorée… »

« – Vous voulez parler d’attouchements ? »

« – Non, plus grave que ça : Elle a fini par nous révéler qu’au lendemain de leur séjour en cellule, elle avait ressenti de vives douleurs au niveau du rectum et qu’en se déshabillant, ce jour-là, elle avait remarqué des traces suspectes dans sa culotte… des taches ensanglantées.
Trop honteuse pour le dire à quelqu’un, elle a fait disparaître le sous-vêtement et comme les douleurs ont fini par s’estomper, elle s’est efforcée d’oublier ça… jusqu’à ce qu’on lui révèle l’infortune de sa copine… »

« – Vous suggérez donc une pénétration anale pour celle-là et donc un double viol pour notre ou nos suspects ? »

« – Absolument.
Par chance pour elles, les premiers tests HIV sont revenus négatifs. Mais il leur faudra attendre les prochains, dans trois mois, pour être totalement rassurées. »

***

Plus Stéphanie observait le commandant Farlet, plus celui-ci la dégoutait.
Non content de la déshabiller de son regard porcin à la moindre occasion, il ne cessait de lui adresser des petits sourires obséquieux qui lui hérissaient le poil des bras.
Une réaction épidermique qu’elle ne pouvait qu’approuver.
Sous son costume de garant de l’intégrité de la police et ses galons de petit chef, ce mec était à coup sûr un gros vicelard.
En témoignait l’odieuse gourmandise avec laquelle il semblait se délecter des mots comme « sperme », « viol », « pénétration anale » et autres considérations anatomiques les plus crues possibles.

Et comme il la regardait souvent en les prononçant, elle avait la nette impression qu’il rêvait de lui infliger lui-même tous les sévices que les jeunes victimes avaient subis, cette nuit là.

Brrr !!

Stéphanie regrettait amèrement d’avoir eu l’idée saugrenue d’opter ce matin là pour son petit pull si moulant sans mettre de soutien gorge en dessous.
Elle aurait été à poil, c’eut été pareil ! Et l’autre se régalait les rétines à n’en plus pouvoir !

Heureusement, il dût abandonner momentanément son attention excessive pour se concentrer sur ses notes :
« – Concernant le poste de police, il a été relevé de nombreuses lacunes toutes plus graves les unes que les autres : Main courante parcellaire, états de présence incomplets ou inexistants, procès verbaux de gardes non visés ou même non rédigés, j’en passe et des pires, comme l’étonnant délai entre l’heure d’arrivée des deux jeunes filles au poste et la prévenance des parent au petit matin. S’agissant de mineures, c’est impardonnable !
Il y a un sacré ménage à faire dans cette antenne, je vous assure ! » Commença-t-il en savourant par avance les multiples manquements qu’il allait pouvoir imputer aux fautifs. « par contre, cela ne nous arrange pas pour connaître avec certitude qui était de garde cette nuit là… de là à penser que tout ça résulte d’une volonté délibéré, il n’y a qu’un pas que je suis prêt à franchir sans aucun état d’âme. Je vous en dirai plus lors de notre prochaine réunion. »

*****

« – Bon, c’est la quatrième réunion sur cette affaire et le parquet commence à trouver le temps long…
En croisant les témoignages des gamines avec les maigres éléments fiables du commissariat, il nous reste deux ou trois suspects potentiels.
Evidemment, pour ne pas éveiller leurs soupçons, nos investigations ont dû rester très discrètes.
Mais maintenant, il va falloir enclencher la vitesse supérieure ! »

Sans abandonner son ton suffisant, le commandant Farlet avait pour l’occasion troqué son sempiternel costume grisâtre pour une tenue plus « jeune », jean et polo à col roulé, qui lui donnait l’allure d’un bichon obèse habillé de force par une propriétaire excentrique.

A force d’essuyer le regard avide du goret domestique, Stéphanie ne doutait pas que son changement de tenue avait pour unique but de lui plaire… pour sa plus grande désolation.
L’homme avait par deux fois tenté une approche discrète lors des dernières entrevues et même si elle s’attachait maintenant à tenir ses distances et à s’habiller de la façon la plus neutre possible, elle se doutait bien que l’autre ne lâcherait pas le morceau si facilement.
Ce qui semblait ravir Alexandra.
Sa collègue, qui elle aussi voyait clair dans le jeu du Commandant, la charriait régulièrement depuis quelques jours sur son « ticket » avec le gros et elle affichait maintenant un sourire goguenard.

Quand elle croisait son regard, Stéphanie ne manquait pas de lui adresser une grimace boudeuse.

« – Et donc, qu’est-ce qu’on fait ? » Demanda Pierre qui ignorait tout de l’échange muet entre les deux femmes.

« – L’idée serait de tendre un piège… avec un appât. »
« – C’est-à-dire ? »
« – C’est-à-dire reproduire une situation similaire avec une complice. »
« – Et cette complice serait… ? »
« – Un agent à nous, bien évidemment. »
« – Et vous avez quelqu’un de volontaire pour ce job ? »
« – Dans mon équipe ? Non, hélas personne n’a le profil requis. Mais dans la vôtre, par contre… »

« -Je sens que ça va encore me tomber sur le râble ! » Bougonna Stéphanie tandis qu’Alexandra retenait difficilement un fou rire nerveux.

« – En effet, mademoiselle Langmann, vous êtes encore très jeune, vous avez un physique tout à fait… remarquable, vous feriez la candidate idéale. »

« – Attendez ! » Intervint Pierre « Quel est l’intérêt, pour la brigade, de jeter sa plus jeune recrue en pâture à un ou deux détraqués sexuels pour le compte de l’IG ? En plus, mademoiselle Langmann n’est pas encore rompue aux techniques d’intervention ! »
« – Il ne s’agit pas là d’intérêt, Sabani, ou alors si mais d’intérêt général : Car on parle bien de mettre hors d’état de nuire un ou deux dangereux criminels. Et compte tenu de leur fonction, moins il y aura de services dans la confidence, moins il y aura de risque de fuites. Ne jouez pas trop perso sur ce coup capitaine, surtout qu’en cas de succès, ça rejaillira forcément sur la brigade.
« – Mais… »
« – Pierre ! » Coupa Stéphanie « Laisse tomber. C’est OK : J’suis d’accord. »

« – Ahh ! Voilà une décision rapide et efficace ! C’est tout à votre honneur, Langmann. »

Mais Pierre ne voulait pas en rester là :
« – Qu’est-ce que vous avez prévu en terme de sécurité et de couverture logistique ? »

« – Ne vous inquiétez pas : Toutes les sécurités seront prises et nous pouvons d’ores et déjà élaborer les premiers contours du dispositifs, si vous le voulez… »

La réunion s’était éternisée et le jour commençait à décliner lorsque tout le monde se leva enfin de sa chaise.

« – Oh, Mademoiselle Langmann ! Serait-ce trop vous demander de rester encore quelques instants » Demanda alors Farlet « Comme vous êtes le cœur du dispositif, j’aurais encore quelques détails à peaufiner seul à seul avec vous si vous le permettez. »
Stéphanie pesta intérieurement mais se rassit docilement, laissant ses collègues quitter la pièce un à un.
En fermant la porte, Alexandra lui jeta un « Bonne soirée Steph, à demain ! » Accompagné d’un sourire hilare et d’un clin d’œil entendu.
Celle-là ne l’emporterait pas au paradis !

Insensible au jeu entre les deux camarades, le commandant Farlet s’était approprié le siège laissé vacant à côté de Stéphanie et lui faisait maintenant face.
« – Bien, Stéphanie, je tenais effectivement à vous voir en tête à tête… »
La jeune femme le laissa parler. L’utilisation soudaine de son prénom en lieu et place de son nom ou de son grade ne lui disait rien qui vaille.
Elle le voyait venir avec ses gros sabots et se demandait déjà comment elle allait faire pour s’en débarrasser sans trop le froisser.
Quelle mouche l’avait donc piquée d’accepter cette foutue mission ?!

« … C’est très courageux de votre part de vous être portée si spontanément volontaire et comme je le disais à votre supérieur, il y a fort à parier que cela boostera un début de carrière déjà très prometteur mais… il y a une question que je veux vous poser et que je ne voulais pas aborder devant vos collègues : Vous sentez-vous à la hauteur ? »
« – … Je ne comprend pas. Bien sûr que je me sens à la hauteur, sinon je n’aurais pas postulé ! »
« – Ne vous méprenez pas. Je ne parlais pas de vos talents de flic, je pensais plutôt à vos capacités… d’adaptation… »
« – Je ne suis pas certaine de vous suivre. »
« – Et bien, vous avez assisté à cette réunion de préparation de l’intervention, vous avez bien vu : Il s’agira pour vous de jouer la jeune fille innocente et un peu éméchée… mais pour confondre notre homme, il est assez évident qu’il vous faudra aller plus loin… très loin… et donner de votre personne… en serez-vous capable ? »
« – Je pense, oui. »
« – Vous pensez ? J’aimerais que vous en soyez certaine… Serez-vous capable de vous laisser toucher par un inconnu ? … Serez-vous capable de jouer l’abandon, de vous laisser allonger, de vous laisser déshabiller par cet homme ? … De vous laisser caresser par lui ? »

Farlet s’était encore rapproché. Tout en susurrant ses arguments, il se pencha vers la jeune femme et posa une main sur sa cuisse.
Elle maîtrisa un mouvement réflexe de recul et se félicita d’avoir choisi de mettre un pantalon pour cette réunion.

La grosse main exerça une pression un peu plus forte tandis que l’homme continuait :
« – Il y aura des caméras de surveillance… Etes-vous prête à vous retrouvée nue sous les yeux de vos propres collègues ? »
« – Euh… Normalement, vous interviendrez avant cette… « extrémité », non ? »
« – Bien-sûr, bien-sûr ! Mais vous savez bien que dans ce genre d’opération, il y a toujours un aléa à ne pas négliger et il convient de savoir si vous vous êtes préparée à toutes les éventualités… en tout cas, moi, j’aimerais vous savoir prête… Et j’aimerais m’en assurer, vous comprenez ? »

Stéphanie comprenait très bien.
Elle comprenait d’autant plus que la main de son interlocuteur avait investi l’intérieur de sa cuisse et remontait dangereusement vers son entrejambe…

Il fallait faire quelque chose et vite !

« – Euh… Oui, ben on verra ça une autre fois parce que là, je vais finir par rater mon dernier bus ! »
Elle s’esquiva prestement et sortit sans demander son reste en lançant un « ‘soir Commandant » soulagé et pressé.

Jean-Pierre Farlet regagna sa voiture d’un pas lourd mais guilleret.
La donzelle avait réussi à lui filer entre les pattes en jouant l’anguille mais il savait que ce n’était que partie remise. Il ne manquait plus que l’estocade.

La pluie fine qui tombait depuis le début d’après-midi s’était maintenant transformée en véritable déluge. A tel point que les essuie-glaces avaient du mal à évacuer toute l’eau qui s’abattait sur le pare-brise.
Ce qui ne l’empêcha pourtant pas de reconnaître la silhouette solitaire plantée sous la pluie, à côté du poteau d’arrêt de bus.
Si ce n’était pas un signe du destin, ça !

Il stoppa son véhicule à hauteur de la jeune femme :
« – Je peux vous raccompagner chez vous ? »
« – Ce n’est sûrement pas votre chemin ! »
« – Pas grave, pour vous je ferai un détour ! »
« – Non-non ! Merci mais je vais attendre ! »
« – Allons ! Faites pas l’idiote : Vous allez attraper la mort sous cette pluie ! Et puis en plus, si ça se trouve, il est déjà passé votre bus ! »

Elle hésita encore un peu mais finit par céder et s’engouffrer dans l’habitacle douillet, non sans avoir jeté un dernier regard lourd de reproches vers le ciel capricieux.

« – Bon alors, où est-ce que je vous emmène ? »
« – J’habite à la Virençaie. »
« – Ouah, en effet, ce n’est pas tout près ! »
« – J’vous l’avais dit… Vous pouvez encore me laisser au prochain arrêt. »
« – Mais non, voyons ! Je vous ai promis de vous ramener, je ne vais pas vous renvoyer sous la flotte ! En plus, c’est un peu de ma faute si vous avez raté votre bus, alors c’est ma façon à moi de me faire pardonner ! »

La jeune fille resta muette la majeure partie du trajet.
Il alluma la radio pour meubler le silence gêné qui s’était installé entre eux.
A intervalles réguliers, Jean-Pierre jetait un coup d’œil sur le profil parfait de sa passagère.
Il lorgnait aussi sur les goutes d’eau qui dégoulinaient de ses cheveux trempés. Il espérait qu’elle n’allait pas lui niquer le siège de sa BM.
Mais bon, le jeu en valait la chandelle… Puisqu’il s’agissait justement de niquer…

***

Ils arrivèrent enfin au pied de son immeuble.
« – Bon et bien… merci. »
« – En fait, en guise de merci, j’accepterais volontiers un dernier verre. »

Ca, il fallait s’en douter.
Stéphanie perçut qu’il s’agissait là plus d’un ordre que d’une requête.
Merde ! Merde !

Son « – Si vous voulez… » Dénota un enthousiasme débordant.

***

« – Les bouteilles sont par là. Je vous laisse vous servir… je file à la salle de bain pour me sécher. »
« – Faites ! Faites ! Ne vous dérangez pas pour moi… Je saurai être patient ! »
Pas de problème, refais-toi une beauté, ma jolie, l’occasion est trop belle pour la rater !

Resté seul, Farlet eut tout le loisir d’inspecter le logement d’un œil curieux.
Il n’était pas très grand mais mignon… comme son occupante.
Un appartement au parfum de fille, indéniablement, avec ses bibelots, sa déco soignée et son côté « cocon douillet ».
Machinalement, il prenait un objet, le regardait, le retournait puis le reposait à sa place.
Il lut aussi les titres des nombreux livres de la bibliothèque.
Stephen King, Dan Simmons, Maxime Chatham…, la mignonne aimait se faire peur, assurément !
Le salon pièce centrale, incluait une petite cuisine américaine. A l’opposé, une porte close donnait sans doute sur la chambre.
Entendant le sèche-cheveux se mettre en route du côté de la salle d’eau ? Farlet s’introduisit avec une culpabilité gourmande dans la pièce fermée…

De toute évidence, la locataire des lieux n’attendait pas de visiteur et n’avait pas fait preuve d’un très grand souci de rangement au moment de quitter sa chambre le matin même : Le lit n’était pas fait, les draps froissés gisaient en boule au pied du matelas et quelques vêtements usagers trainaient par terre.

Humant l’odeur de femelle qui régnait ici, il s’avança lentement dans la pièce.

Son premier réflexe fut d’inspecter du regard le lit ouvert, à la recherche de traces suspectes… sans résultat probant.

Négligemment, il ouvrit ensuite les tiroirs de la commode et caressa du bout des doigts la fragile dentelle qui s’y trouvait.
Il y avait de tout, du plus sage au plus affriolant. La demoiselle était équipée !
Il prit un string noir et le porta à ses narines… mais ça ne sentait que la lessive bon marché. Déçu, il le remit à sa place.

Refermant le tiroir, il s’assit au bord du lit, testant du postérieur la souplesse de son très prochain terrain de jeu… Ca avait l’air tout à fait convenable ! Il avait maintenant hâte d’y être.

C’est dans la table de chevet qu’il trouva se qu’il cherchait : Un riche éventail de sex toys les plus tendance : Du « Pink rabbit » au « Rude boy » en passant par les traditionnelles boules de geisha ainsi qu’un choix assez phénoménal de préservatifs aux goûts les plus exotiques.
En examinant une paire de menottes de fonction qui avaient dû trouver là un usage bien moins professionnel que celui auquel elles étaient initialement dévolu, Il se dit que la jeune célibataire ne devait effectivement pas s’ennuyer tous les jours.

Mais la fin du bruit de sèche-cheveux de l’autre côté de la cloison, l’obligea à revenir sur terre et à sortir de la petite chambre.

Lorsqu’elle reparut, Stéphanie avait quitté ses vêtements trempés et s’était glissée dans un gros peignoir en éponge qui cachait ses formes avantageuses.
Jean-Pierre regretta qu’elle n’ait pas enfilé une des nuisettes légères qu’il avait entrevues dans la chambre mais qu’à cela ne tienne, d’ici quelques minutes, elle n’aurait de toute façon plus grand-chose sur la peau.

« – Vous vous êtes servi ? »
« – Oui, j’ai trouvé un excellent Whisky ! » répondit-il en montrant son verre aux trois quarts rempli du liquide ambré. « Et vous, ça va mieux ? »
« – Oui, ça fait du bien de se sentir sèche. » Fit-elle en se servant à son tour une dose beaucoup plus raisonnable.
« – Enfin pas trop quand-même, j’espère… »
« – Pardon ? »
« – Non rien… »

« – Votre appartement est plutôt pas mal ! »
« – Oui, je m‘y sens bien, les voisins sont sympas. »

Jean-Pierre n’avait pas l’intention d’échanger des banalités trop longtemps. Maintenant qu’il avait réussi à approcher l’objet de son désir, il lui tardait de goûter à ce joli petit lot, de lui bouffer les seins, de lui écarter les cuisses et de s’y enfoncer jusqu’à la garde.
Alors il fallait passer rapidement aux choses sérieuses…

Bien calé dans son fauteuil, sirotant par petite gorgées l’alcool fort qu’il faisait lentement tourner dans son verre large, il attaqua :
« – Je me disais : Puisqu’on est là tous les deux, seuls, on pourrait en profiter pour reprendre là où on s’était arrêtés tout à l’heure, au bureau… »
« – C’est-à-dire ? »
« – Et bien… vous savez : Je vous demandais si vous étiez vraiment prête à tout pour mener à bien cette mission, y compris à vous mettre nue devant vos collègues… et comme je suis un collègue, je me disais que la meilleure preuve que vous pourriez me donner de votre engagement, ce serait de vous mettre nue devant moi… Là, maintenant. »

« – Euh, j’ai peur de ne pas comprendre, Monsieur… »

« – Enlève-moi ça et montre-moi ton cul, ma jolie ! C’est plus clair comme ça ? »

Debout, raide comme une statue, la jeune femme devint blême.

Elle articula difficilement :
« – Je crois qu’il serait plus raisonnable que vous vous en alliez Commandant Farlet. »

« – Ne dis pas n’importe quoi ! Tu sais très bien que je peux t’assurer une évolution de carrière fulgurante et bien plus facilement qu’avec cette mission à la con ! Il te suffit juste d’être un peu complaisante avec moi et le tour est joué ! T’es quand-même pas à une partie de jambes en l’air près, non ? Surtout quand c’est pour la bonne cause ! Alors fous-toi à poil fissa, j’ai pas que ça à foutre !… Ou alors tu préfères peut-être que je le fasse… »
Joignant le geste à la parole, il se leva pesamment.

Stéphanie fit un pas en arrière :
« – Ne me touchez pas. »

Les deux protagonistes se figèrent face à face, se jaugeant mutuellement pendant quelques secondes.
Puis Farlet retomba lourdement dans son siège avec un soupir d’agacement :
« – Rah ! On peut dire que tu ne me facilites pas les choses, toi ! »
Sous l’œil soupçonneux de son interlocutrice, il sortit de sa poche un petit carnet gris et le feuilleta attentivement, semblant chercher une page précise. Quand il l’eut enfin trouvée, il récita sur un ton administratif :
« – Stéphanie Audrey Sarah Langmann, née le 16 Avril 1985 à Auxerre (89) de Simon Langmann né le 12 juillet 1958, avocat et de Catherine Mouchel née le 28 octobre 1962, femme au foyer ; Un frère né en 1987 et une sœur née en 1989.
Elève brillante jusqu’en seconde où les résultats chutent de manière inexpliquée.
Il semble qu’elle ait subit des attouchements sexuels de la part d’un membre de la famille mais aucune plainte n’est portée, tout est étouffé par la famille.
Quitte le domicile familial dès ses 18 ans et se réfugie chez une vielle tante à Paris.
Enchaîne les petits boulots mal payés pendant trois ans avant d’intégrer la police grâce à un coup de piston bien placé. Petit dédommagement paternel ?
Souffre d’un désordre affectif sans doute dû à ce traumatisme adolescent : Est incapable de se fixer sentimentalement et collectionne les aventures sans lendemain : Plus de 30 partenaires sexuels différents identifiés dans les deux dernières années, dont 4 femmes. Parmi eux, 12 ont un casier judiciaire chargé et 3 ont déjà écopé d’une peine de prison ferme… »
Farlet releva la tête et regarda Stéphanie avec un petit sourire narquois :
« – Je pense que tes collègues et ta hiérarchie vont vachement apprécier de savoir que la petite pistonnée s’envoie en l’air avec tous les repris de justice qui passent à sa portée… Alors, qu’est-ce que t’en dis ? »

La jeune femme était passée du blanc pâle au rouge écarlate. Elle s’assit lentement sur le siège qui faisait face à Farlet et y resta figée un long moment, comme groggy sur place, les yeux dans le vide.
Fier de son petit effet, Jean-Pierre lui laissa tout le temps nécessaire pour reprendre ses esprits. Il savait qu’il avait gagné : Elle n’allait pas tarder à accepter la défaite et comprendre qu’il valait mieux coopérer.
Il en avait les testicules qui frissonnaient d’excitation !

Lentement, la jolie brune sembla revenir à la réalité. Posant sur lui un regard dur, elle commença doucement :
« – Je m’appelle Jean-Pierre Farlet, j’ai approximativement 55 ans, je me crois encore un lion, le roi de la savane mais ma silhouette rappelle de plus en plus celle de son homonyme maritime.
J’ai sans doute été marié mais ma femme s’est barrée depuis belle lurette quand elle a compris que j’étais un gros vicelard qui use et abuse de son pouvoir pour trousser tout ce qui lui passe sous le nez, pour peu que ça porte un jupon.
Je dirige une section de l’inspection générale de la police nationale et, en ce moment, ma principale occupation consiste à trouver comment sauter une petite fliquette des « mœurs ».
Pour cela, j’ai plusieurs plans :
– Plan A : Comme elle ne semble pas trop futée et compte tenu de son « pédigree » sexuel je peux l’embobiner avec n’importe quel bobard et lui faire croire qu’elle doit se déshabiller pour démontrer sa « capacité d’adaptation ». Il sera ensuite facile de l’allonger et de lui faire sa fête.
Résultat : Echec.
– Plan B : Lui promettre une traditionnelle promotion canapé. Un classique qui fonctionne toujours très bien.
Résultat : Echec.
– Plan C : Encore un classique qui a fait ses preuves : Le harcèlement sexuel par le chantage : La menacer de dévoiler sa vie de dépravée à son travail si elle ne couche pas immédiatement.
Résultat : Echec
– Plan D : D comme Dernier recours : Je lui saute dessus et la baise de gré ou de force. De toute façon, même si elle se plaint à quelqu’un, personne ne mettra en doute la parole d’un commandant de l’IGPN, surtout pas face à une petite garce aux mœurs dissolus.
Problème : Je suis en train de me demander si ma masse adipeuse sera suffisante pour venir à bout d’une ceinture noire de Taekwondo.
Dans le doute, je crois que je vais plutôt rentrer chez moi, prendre le premier objet oblong qui me tombera sous la main et me l’enfoncer bien profond… Ca devrait me calmer. »

Ce fut au tour de Farlet de blêmir.
Il posa son verre, se leva et partit sans dire un seul mot.

Restée seule, Stéphanie se resservi une double dose et porta un toast dans le vide pour fêter la mort prématurée de sa « prometteuse carrière ».

L’intervention était prévue pour le lendemain.

Fidèle à son habitude, le commandant Farlet croyait nécessaire de reprendre à son compte tout ce qui avait été convenu auparavant en donnant l’impression que tout sortait de son propre cerveau et de son exceptionnelle faculté d’analyse :

« – Bon pour résumer, Sabani, Verneuil et moi-même nous tiendrons dans le sous-marin garé à l’angle de la rue Charcot. Lecleach et Demitter, vous co-piloterez avec mes adjoints, Leveaux et Garcia, ici présents, les deux équipes d’intervention qui resteront en soutient et n’interviendront qu’à mon top.
Pour éviter tout risque de fuite, ces équipes ne seront mises au courant du lieu de notre intervention qu’au dernier moment.

Par soucis de véracité, Mademoiselle Langmann se mettra opportunément sur la route d’une patrouille et c’est cette patrouille qui l’amènera au poste de police, ceci, encore une fois, pour ne pas éveiller les soupçons de nos suspects.
Normalement, l’équipe de garde de demain est la même que celle qui est à l’origine de cette affaire.
En toute logique, le ou les coupables que nous recherchons en font partie.

Je vous rappelle à tous que l’objectif est de taper un flag’. Il est hors de question de laisser ce salopard s’en tirer par défaut de preuve ! »

Stéphanie retint un sourire amer.
C’était sûr que Farlet s’y connaissait en matière de saloperie !
C’était vraiment l’hôpital qui se foutait de la charité !

Etonnamment, et contrairement aux craintes de la jeune femme, Farlet n’avait pas mis ses menaces à exécution : Rien n’avait filtré de la désastreuse soirée de la semaine précédente et le commandant faisait comme si rien de spécial ne s’était passé entre eux. Il était resté neutre et distant, très pro.
Seule Alexandra qui l’avait cuisinée savait que Stéphanie avait éconduit le commandant. Et encore, elle était restée très évasive sur les circonstances et les détails.

Stéphanie n’était pas pour autant soulagée car malgré tout, s’il y avait un point sur lequel Farlet l’avait impressionnée, c’était bien sur la précision et l’exactitude des renseignements qu’il lui avait jeté à la figure. Y compris sur ce qui avait trait à sa jeunesse alors que ces éléments relevaient normalement de dossiers médicaux et psychologiques supposés confidentiels.
Elle s’attendait donc à tout moment à être convoquée par un directeur. Mais en attendant, elle continuait à faire son job. C’était tout ce qu’elle avait à faire.

Farlet en finissait :
« – Bien, si vous n’avez plus de question, on se retrouve demain soir, au point de rendez-vous. »

Le début de mission s’était déroulé impeccablement.
La patrouille constituée d’un homme et d’une femme était persuadée d’avoir ramassé une jeune fêtarde qui errait au milieu de la route, une bouteille à la main et qui les avait insultés lorsqu’ils lui avaient posé des questions.

Les deux ilotiers soutenant tant bien que mal la jeune éméchée, le trio fit son entrée au poste de police :
« – Les gars, on vous amène une candidate à la cellule de dégrisement : Elle est déjà bien allumée, n’a pas de papiers sur elle et ne sait plus ou elle habite ! Ca devrait aller mieux après une bonne nuit au gnouf ! »
« – Pas de problème, on a de la place, ce soir ! »

Stéphanie fut déposée sans ménagement sur un des bancs de la « cage » jusqu’à présent inoccupée.
Elle y resta inconfortablement affalée tandis que les quatre agents discutaient le bout de gras.

Elle ne dut pas attendre très longtemps après le départ de la patrouille avant qu’un des deux plantons ne vienne la lorgner à travers la vitre.
Elle savait sa tenue finement étudiée : Suffisamment aguicheuse pour provoquer le désir mais pas trop non plus pour ne pas faire professionnelle du trottoir : Un maquillage discret, un top léger mais peu échancré, une jupe courte mais pas mini et des bottes noires qui parachevaient le tout.
La position qu’elle avait adoptée faisait remonter sa jupe sur ses cuisses et offrait un spectacle qui ne pouvait laisser insensible un homme normalement constitué.

L’homme revint à plusieurs reprises puis entra dans la cellule et se pencha devant elle.
Relevant une mèche rebelle qui lui tombait devant les yeux, il lui demanda doucement :
« – Ca va aller ? Comment tu t’appelles ? »
« – ‘phanie… »
« – Fanny ? »
« – Stéphanie ! »
« – OK Stéphanie… Est-ce que tu veux boire un peu d’eau, ça te ferait du bien. »

On y était…

« – D’accord. »

L’agent revint quelques instants plus tard avec un verre plein.
En portant le verre à ses lèvres, la jeune femme examina discrètement celui qui avait selon toute vraisemblance abusé des deux lycéennes : La quarantaine, plutôt de petite taille, des yeux marrons, des cheveux bruns mal coiffés avec une calvitie bien avancée, un visage et un physique des plus communs. Pas franchement moche mais sans intérêt et sans aucun charme. Un « monsieur tout le monde », quoi. Rien n’indiquait sur son faciès que c’était un violeur en série.

Il était convenu qu’elle s’arrange pour ne pas boire le breuvage louche afin de rester lucide pendant l’opération mais le salopard ne la quittait pas des yeux.
En désespoir de cause, elle feinta l’étouffement et recracha la mixture au visage du policier.
Mais celui-ci ne broncha pas :
« – C’est pas grave, je vais t’en chercher un autre… »

A la deuxième tentative, Stéphanie dut se résoudre à avaler le liquide sous les yeux attentifs de son futur agresseur, en priant pour que les collègues ne la laisse pas tomber.

Elle sentit rapidement les premiers symptômes d’étourdissement, la drogue était puissante !

Alors qu’elle luttait contre la sensation d’engourdissement qui l’envahissait sournoisement, elle sentit une main sur sa cuisse nue :
« – Ne t’inquiètes pas, ça va bien se passer… Je vais nous trouver un coin plus tranquille… »

Le policier qui répondait au nom de Benoit Cernin sortit de la cellule en soutenant une Stéphanie encore plus chancelante qu’à l’arrivée.
Il fit un clin d’œil à son collègue resté à son bureau :
« – Je l’installe en salle 2. Tu me préviens en cas d’urgence… Et seulement en cas d’urgence ! »
« – Ouais, comme d’hab’ ! J’ai l’impression que tu vas encore de régaler, mon salaud ! »
« – Si tu veux, dés que j’ai fini je prends la relève et je te la laisse pour une petite heure. »
« – Non merci, j’suis toujours pas preneur. Ma femme s’en rendrait compte : Je ne sais pas comment elle fait mais dans ces cas là, elle a des pouvoirs extralucides ! »
« – Tant pis pour toi ! Tu ne sais pas ce que tu rates ! »

Dans le « sous- marin », Farlet jubilait :
« – Je crois que nous avons un gagnant ! »
« – Oui, et un complice que l’on pourra au moins inculper pour non assistance à personne en danger. »
« – Yep ! Allez, on bascule sur la salle 2. »

Sur l’écran, Cernin était en train d’allonger délicatement sa charge sur une banquette.
« – Ce qui m’inquiète, c’est qu’elle a dû visiblement boire la drogue. Il va falloir redoubler de vigilance. »
« – Ne vous inquiétez pas, Verneuil, tout a été prévu, on est là pour ça. »

L’homme était penché sur sa victime, vu de dos, on ne distinguait pas ce qu’il faisait exactement.

« – Qu’est-ce qu’il fait, là ? Il l’embrasse ? Merde, on ne voit rien, la caméra est mal placée ! »
« – C’était le seul endroit discret disponible dans cette salle. »

Les mains du policier parcouraient maintenant lentement le corps allongé. Il déboutonna le chemisier de la jeune femme et lui caressa les seins par-dessus le soutien gorge mis à jour.

Puis la tête de l’homme glissa au niveau de la poitrine pendant que sa main alla se perdre sous la jupe retroussée.

« – Bon, ça suffit, on a ce qu’il nous faut, on peut intervenir ! » lança Alexandra.
« – On a que dalle ! Juste quelques attouchements. Ca ne me suffit pas ! »
« – Mais on sait qui c’est, maintenant. On n’a plus qu’à le choper et le cuisiner ! »
« – Oh, commencez pas à m’emmerder Verneuil, je sais ce que je fais… et votre collègue aussi. Je vous rappelle qu’elle s’est portée volontaire pour cette miss… Ben ! Où il est barré, ce con ?! »

Le policier avait disparu du cadre de l’écran… Mais il réapparut très vite, les bras chargés.
En quelques gestes précis, il déplia un trépied et installa dessus une caméra numérique dirigée vers la jeune femme droguée.

« – J’y crois pas ! C’est encore pire que ce que je pensais ! » Lâcha Pierre.
« – Oui, on dirait que le gaillard aime garder un souvenir de ses exploits… »
« – Ben justement, on doit pouvoir trouver des preuves à foison, dans cette caméra ! »
« – Fermez-la, Verneuil, ça commence à devenir intéressant… »

En effet, l’homme se déshabilla lentement, intégralement, dévoilant une belle érection.

« – Pff ! Regardez-moi ça ! Pourquoi ce sont toujours les salopards qui sont les mieux équipés ? »
« – Un petit complexe, commandant ? » Ricana Alexandra.
Celui-ci ne prit pas la peine de répondre.

Totalement nu, Cernin entreprit de reprendre l’effeuillage de son trophée là où il l’avait laissé.
Stéphanie fut méthodiquement délestée de son chemisier, puis de son soutien-gorge avant que le pervers ne s’attaque à sa jupe puis, enfin, il glissa ses mains sous les fesses de la jeune femme et fit descendre son string le long de ses cuisses et de ses jambes encore gainées de cuir.
Elle ne tressaillit même pas lorsqu’il posa ses lèvres sur son pubis glabre.

Ceci fait, il arrangea un peu la posture de sa victime : Il lui positionna les bras au dessus de la tête, faisant bomber ses petits seins arrogants et il ouvrit l’angle des cuisses, révélant à la lumière froide des néons la partie la plus intime de l’anatomie de la jeune femme.

L’homme se releva ensuite pour aller régler l’angle de vue de la caméra. Il en profita pour prendre quelques clichés.

Dans le poste de contrôle, les deux hommes restèrent muets de contemplation devant la nudité de leur jeune collègue étalée de façon aussi crue.

« – Bon, c’est bon là ! Vous l’avez bien vue à poil ? Vous êtes contents ? Maintenant on y va ! »
« – On attend encore un peu, Verneuil, on attend encore un peu… »
« – Mais vous attendez quoi, bordel ?! Qu’il la viole devant vous ?! Je me doutais que vous étiez un gros pervers mais à ce point là ! »
« – Calmez un peu votre Pitbull femelle, Sabani, avant qu’elle fasse capoter toute l’opération, sinon elle va se prendre un blâme ! »
« – Il a raison, Alex, reprends-toi, c’est bientôt fini ! »
« – Mais putain Pierre ! Tu ne comprends pas ?! Tu ne vois pas qu’il est en train de se venger parce Steph n’a pas voulu coucher avec lui ! Il jubile, là ! J’parie même qu’il va pas tarder à juter dans son benne ! »
« – Alex, bordel, tais-toi ! »
« – C’est bon, Verneuil, là vous l’avez votre blâme. »

Alexandra sera violemment les poings et sentit ses ongles entamer douloureusement la chair de ses paumes.

Pendant ce temps, Cernin avait rejoint Stéphanie. Lui malaxant fermement les seins d’une main, il se tenait de dos mais le mouvement de va et vient qu’il faisait au niveau de la tête de la jeune femme ne laissait guère de doute sur la nature de sa coupable occupation.

« – Vous êtes heureux, Farlet ? Vous l’avez votre pénétration ! »
« – Vous voulez rire, on ne voit rien, on ne peut être sûr de rien ! »

Alexandra sentit des larmes de rage lui couler sur les joues.
« – Pierre, s’il te plait, retrouve tes couilles ! » Supplia-t-elle.

Ignorant le débat qui animait le poste de commande, le violeur s’était maintenant installé entre les jambes de sa victime et les relevait afin de parfaire l’angle d’attaque.

« – Allez vous faire foutre avec vos blâmes ! Equipe 1, go ! Equipe 2, go ! On fonce, on fonce !! Un homme à neutraliser dans le hall d’entrée et un autre dans la salle numéro 2!! Vite ! Vite ! Vite !! »
Alexandra et Pierre se ruèrent hors de la camionnette au moment où les hommes du groupe d’intervention faisaient irruption dans le poste de police.
Farlet sera le poing de dépit : « La petite conne ! »

***

Benoit Cernin ne comprit pas ce qui lui arrivait : Il venait à peine d’insérer son gland dans la vulve de la jolie petite nana qu’il avait trouvé ce soir là que la porte vola en éclat et qu’un groupe d’hommes armés se jeta sur lui, l’immobilisant en quelques fractions de secondes.
Moins d’une minute plus tard, une espèce de furie entra dans la pièce et avant qu’il n’ait pu se protéger, lui balança un violent coup de pied dans les parties, provoquant une douleur inimaginable qui irradia dans tout son corps et lui faisant perdre momentanément connaissance.

*****

Indifférente au drame qui s’était joué devant et avec elle, Stéphanie dormait toujours, une veste pudiquement jetée sur elle afin de cacher sa plastique parfaite à la vue des nombreux intervenants qui se succéderaient dans la pièce.

Alexandra manipulait fébrilement la caméra posée sur le trépied.
« – J’espère que vous n’êtes pas en train de vouloir soustraire une pièce à conviction du dossier, Verneuil… » Susurra Farlet qui venait d’apparaître derrière elle. Il lui prit l’appareil des mains, d’un geste expert, il en ouvrit le capot et en éjecta la carte mémoire qu’il glissa dans sa poche. »
« – Paluchez-vous ce soir avec, si ça vous chante, mais je vous préviens, si je retrouve cet enregistrement ailleurs que sous des scellés judiciaires, je vous arrache moi-même les testicules avec les dents ! »
« – Volontiers, ma chère, tout le plaisir sera pour moi ! » répondit l’autre, effrontément.
« – Et ne l’approchez pas ! » Intervint nerveusement Alex alors que l’homme portait un regard avide sur les jambes nues qui dépassaient de sous la veste sombre.

*****

Quelque temps plus tard…

« – On en est où avec l’exhibi du square Brel ? »
« – On l’a choppé avant-hier, la main dans le sac, ou plutôt… dans le slip, si je peux dire. »
« – Parfait, un dossier de réglé ! C’est tout pour aujourd’hui ? »

Devant l’absence de réponse, Pierre Sabani leva la séance. Cette réunion quotidienne avait été rapidement expédiée. Et Ce n’était pas plus mal !
Depuis l’affaire Cernin, l’ambiance c’était quelque peu alourdie au sein de l’équipe.
Paradoxalement, ce n’était pas Stéphanie qui avait le plus mal réagi.
Bien qu’elle ait tenu à visionner l’enregistrement de l’opération et notamment la partie pendant laquelle elle était endormie, subissant les outrages du policier pervers, la jeune femme n’en avait pas été traumatisée et avait semblé accepter les choses de manière très philosophique, admettant qu’elle s’était sacrifiée pour le bon déroulé de l’opération et pour permettre de boucler un violeur récidiviste.

Non, celle qui n’avait toujours pas digéré le déroulement de l’affaire, c’était Alexandra. Elle en voulait manifestement encore beaucoup à Pierre de n’avoir pas assuré face à Farlet et elle lui tirait toujours une gueule des mauvais jours.
Bien entendu, elle ne savait pas que Pierre avait usé de toute son influence pour calmer Farlet et pour l’empêcher de mettre ses menaces à exécution.
Si le commandant disposait sans doute de moins de pouvoir qu’il ne le laissait entendre, il aurait quand-même pu sérieusement les emmerder s’il l’avait voulu.
Peut-être s’était-il aussi un peu dégonflé devant la tournure des évènements.

En effet, on avait retrouvé dans les affaires de Benoit Cernin et à son domicile toute une collection d’images les plus sordides les unes que les autres qui prouvaient que celui-ci avait à son « actif » plus d’une vingtaine d’agressions sexuelles sur des victimes pas toujours majeures.
Même si la date du procès n’était pas encore programmée, il y avait fort à parier que le ripou et son complice en prendraient pour cher.

Alors, il n’était évidemment pas de bon ton de chercher des noises à la brigade qui avait principalement œuvré pour stopper les méfaits de ce « nuisible ».
Farlet avait donc joué profil bas. Ce qui n’avait pas calmé Alex pour autant.

Bah ! Pierre connaissait Alexandra. Avec le temps, elle finirait bien par lui pardonner.

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