Il était une fois, un gentil couple de jeunes mariés qui vivaient un amour de conte de fées.
Ils s’appelaient David et Elodie.
Elle était faite pour lui, il était né pour elle.
Leur rencontre fut un coup de foudre, leur passion une évidence.
Ils se seraient bien contentés de vivre d’amour et d’eau fraîche mais lorsqu’on se met en ménage, la boite aux lettres nous ramène vite à la dure et implacable réalité en déversant chaque mois son lot de factures à acquitter.
David était employé à la RATP mais il n’était un de ses méchants conducteurs de rames qui débraillent au premier pet de travers. Non, car son petit salaire de ras d’échelle ne lui permettait pas de renoncer à la moindre journée de labeur chichement payée.
D’autant qu’Elodie terminait sa formation d’aide soignante et que l’unique paie du garçon supportait donc à elle seule toutes les dépenses du ménage.
Chaque euro était donc compté en attendant les lendemains qui chantent.
Sans le sou, ils ne purent se payer la lune de miel dont ils rêvaient tous les deux : Ils auraient tant aimé passer une ou deux semaines sur une île paradisiaque à occuper leur temps uniquement à bronzer et à faire l’amour !
Malgré tout, ils réussirent à économiser suffisamment pour marquer le coup et s’octroyer une petite semaine de vacances dans les Alpes, à la fin de l’été.
Ils réservèrent dans une petite pension de famille pas trop chère et, au début du mois de septembre, leur vaillante Twingo les emmena vers le lointain département des Hautes Alpes – Préfecture : Gap, 38200 habitants.
Ce fut une semaine idyllique !
Tous les matins, ils partaient avec leur panier garni sur les routes tortueuses de la vallée du Guil.
Tous les jours, ils découvraient un nouveau coin du magnifique parc naturel du Queyras, s’émerveillant des charmes de Dame Nature offerts gratuitement à celui qui daigne simplement ouvrir les yeux et laisser son cœur s’émouvoir de choses simples.
Ils passèrent des heures à observer les fourmis consolider leur impressionnant terril d’aiguilles de pin, à suivre des yeux les innombrables papillons chamarrés voleter autour d’eux, à guetter les marmottes au sortir de leur terrier en faisant en sorte de ne pas les effrayer pour qu’à la suite d’un bref signal d’alarme, toutes ne rentrent pas précipitamment dans leur abris labyrinthique.
Ils suivaient des sentiers fleuris menant vers des alpages ou alors vers un improbable lac isolé niché au cœur d’un écrin de roches noires.
Ils remontaient des lits de torrents asséchés ou, au contraire, tumultueux d’une eau bleue glacée descendant en direct des sommets enneigés.
Lorsque le soleil était au zénith, ils se trouvaient un petit coin tranquille à l’écart des sentiers trop battus, ils s’asseyaient sur un gros rocher, sur l’herbe verte ou sur la couverture qu’ils avaient emportée et ils savouraient en silence leurs sandwichs confectionnés avec talent par madame Seyras, leur hôtesse.
Une fois le fruit de saison terminé et les reliefs du pique-nique remballés, ils s’allongeaient sur la couverture, David faisait glisser ses doigts dans les boucles brunes d’Elodie. Puis ses mains descendaient sur le petit débardeur de coton de sa jeune épouse, contournant délicatement la poitrine encore juvénile.
Ensuite, ses doigts se glissaient sous le fragile morceau d’étoffe.
Bien-sûr, Elodie le laissait faire…
Après avoir fait l’amour tendrement, fougueusement, ardemment, ils s’étendaient l’un à côté de l’autre et, sans compter les minutes, contemplaient le ciel sans nuages au dessus de leurs têtes.
Le soir, fourbus mais heureux, ils engloutissaient les spécialités concoctées par madame Seyras puis allaient se coucher de bonne heure.
Perclus de fatigue, des images plein la tête, ils s’endormaient dans les bras l’un de l’autre, non sans avoir une dernière fois consommé charnellement leur union nouvelle en espérant que les grincements de l’antique lit de bois ne se répercutent pas trop loin dans la demeure ancestrale heureusement moins peuplée en cette période post-estivale.
Evidemment, comme toujours dans ces cas là, c’est avec une pointe de déception qu’ils virent arriver trop rapidement la dernière journée de leur séjour.
Cependant, bien décidés à en profiter jusqu’au bout sans se laisser perturber par la perspective peu réjouissante du retour vers un quotidien moins enchanteur, ils décidèrent, au matin de ce vendredi de septembre, de partir pour leur plus grande balade, une rando qu’on leur avait chaudement recommandée : La montée vers le glacier blanc.
La première partie de l’ascension fut assez facile et ils progressèrent rapidement sur le chemin carrossable.
Ils s’émerveillèrent de rencontrer des marmottes quasi-domestiquées qui, en échange d’un morceau de gâteau ou de sandwich, se laissaient caresser la tête par les touristes attendris. Ceux-là ne se doutant pas que ce faisant, ils vouaient en toute innocence ces petites bêtes sauvages à une dépendance létale envers la nourriture des humains.
Ils avancèrent si vite qu’ils arrivèrent avant la mi-journée au pied de l’impressionnante masse de glace qui n’avait de blanche que le nom, les poussières de la saison chaude s’étant accumulée sur les neiges originelles.
Ils prirent là de jolies photos.
Encouragés par leur rapide ascension, ils décidèrent de continuer toujours plus haut, enivrés par la beauté sauvage du site et désireux d’en voir encore davantage.
Le chemin devint moins praticable, peu à peu, le végétal fit place au minéral mais ils montaient toujours, dépassant le dernier refuge de montagne.
A midi, ils trouvèrent un petit coin caché des environs par des gros blocs rocheux et ils mangèrent en écoutant le silence.
Bien-sûr, ensuite, pour ne pas déroger aux bonnes habitudes, ils firent l’amour.
Ils trouvèrent un rocher plat à la bonne hauteur, ils se déshabillèrent, Elodie coucha son dos sur la pierre chauffée par le soleil et David, resté debout, la prit comme ça, les deux jambes de la jeune femme calées sur ses épaules.
Puis il s’étendit à ses côtés et ils s’endormirent, leurs corps nus caressés par les doux rayons du soleil.
Ils se réveillèrent en frissonnant, l’esprit en alerte.
Le bruit qui les avait réveillés se répéta alors : Un grondement sourd et lointain.
Au dessus de leurs têtes, le ciel limpide quelques heures plus tôt se teintait maintenant d’un vilain gris sombre.
Ils se rhabillèrent en toute hâte. Elodie enfila sa culotte mais pour gagner du temps, elle négligea de remettre son soutien-gorge. Tant pis !
Ils réalisaient avec une pointe de frayeur qu’ils étaient assez haut et qu’ils leur faudrait du temps pour redescendre dans la vallée. Leur naïveté et leur inexpérience leur sautaient soudain aux yeux.
On les avait pourtant prévenus : « En montagne, le temps peut changer très vite. Il faut prendre ses précautions ! »
Et de précaution, ils n’en avaient prise aucune, habitués à rester dans les bas alpages, ils n’avaient pas pensé à consulter la météo le matin.
Et ils n’étaient vraiment pas équipés : D’accord, ils avaient chaussé des chaussures de marche mais leur équipement s’arrêtait là. Pour ménager les fragiles lombaires de David, ils n’emportaient dans leur sac à dos que le strict minimum : Le pique-nique du jour, de l’eau et la petite couverture.
Point de pull pour couvrir les manches courtes ! Point de pantalon pour remplacer, si besoin, le short et la jupette qui avaient largement bien suffit jusque là. Et bien-sûr point de tente pour s’abriter, au cas où !
Les grondements restaient encore éloignés mais ils commençaient à paniquer à l’idée d’être surpris par un orage en pleine montagne.
Après avoir rangé leur affaires à la va-vite, ils s’empressèrent de rebrousser chemin.
Ils descendirent à vive allure.
Ils passèrent devant le refuge sans même avoir la présence d’esprit de s’y arrêter pour s’y mettre à l’abri. Ils ne pensaient plus qu’à une chose : Retrouver au plus vite leur petite Twingo qui les attendait tout en bas, sur le parking.
Ils arrivèrent au niveau du glacier. Tous les touristes avaient disparu, il n’y avait plus âme qui vive. Ils continuèrent en ignorant derrière eux la majestueuse beauté de ce monstre de glace sous un ciel de plomb.
Un coup de tonnerre claqua, plus proche.
Ils accélérèrent encore.
Ils courraient presque, maintenant que le sentier était plus large.
Or, il y avait encore une chose qu’on leur avait dit mais que dans la panique, ils oubliaient : En montagne, il ne faut jamais se précipiter ni relâcher sa vigilance.
Et ce qui devait arriver arriva : Le pied d’Elodie ripa sur un caillou tandis qu’une fulgurante douleur lui traversait la jambe, son autre pied prit alors un appui plus accentué sur un éboulis instable qui céda sous son poids et la jeune femme se sentit partir avant d’avoir pu dire ouf.
Par réflexe elle voulut attraper le bras de David juste devant elle mais ses doigts ne purent s’en saisir et, dans un cri aigu, elle s’écroula alors dans le profond bas-côté.
Pierre cumulait les emplois de guide de haute montagne, de berger et, l’hiver, de prof de ski.
En cette fin d’après-midi, il se hâtait tranquillement de regagner avant la pluie son chalet d’altitude qui lui servait de quartier d’été, lorsqu’il entendit des cris et des pleurs non loin de son chemin.
Pierre ne portait pas spécialement les touristes dans son cœur.
Sans être un ermite sauvage, ces hordes d’humanoïdes vulgaires qui se déplaçaient en meutes et venaient lui polluer ses belles montagnes à coup de papiers gras et de canettes d’aluminium lui hérissaient le poil.
Pourtant il savait bien que c’était un mal nécessaire pour la survie économique de la vallée. Lui-même était bien content d’occuper sa morte saison à chapeauter son lot de parisiens prétentieux sur les pistes enneigées l’hiver ou sur les pentes escarpées l’été. : Ca arrondissait sérieusement les fins de mois.
Mais en dehors de ces rencontres obligées, moins il s’en approchait, mieux il se portait.
Cependant, les bruits qu’il entendait témoignaient d’un réel désespoir et il n’était pas dans sa nature d’ignorer une âme dans le besoin.
En se laissant guider par les plaintes, il découvrit le couple de jeunes gens à moitié caché aux fins fonds d’un grand talus. La fille se tenait la cheville et semblait souffrir le martyr. L’homme accroupi devant elle, bras ballants, arborait l’attitude classique de l’impuissance personnifiée.
Quand ils l’aperçurent, on eut dit qu’ils venaient de voir l’Immaculée Conception se matérialiser devant eux.
En s’approchant, le montagnard eut le temps d’observer brièvement les deux malheureux : C’était le stéréotype des jeunes citadins qui découvrent la montagne sans se méfier de ses dangers.
Non mais qu’elle idée de se promener à cette altitude et à cette heure en bras de chemise et en short.
Quant à elle, c’était pire : La jolie jupette bleu ciel lui arrivant à mi-cuisse était sans doute très bien pour draguer en boite de nuit mais là, elle paraissait complètement déplacée !
« – Ah ! Monsieur ! S’il vous plait, est-ce que vous pouvez nous aider ? Ma femme est tombée et elle s’est fait atrocement mal à la cheville ! Il faudrait m’aider à la descendre jusque dans la vallée avant l’orage ! »
Pierre posa ses affaires au sol et s’accroupi aux pieds de la jeune femme qui s’était assise sur une grosse pierre plate.
« -Laissez-moi voir ça. »
Il saisit le pied de la jeune femme et entreprit de lui dénouer les lacets.
Lorsqu’il lui retira sa chaussure le plus délicatement possible, elle ne put réprimer un cri de douleur.
Effectivement, ce n’était pas beau à voir : Une fois la socquette éliminée, l’œil expérimenté de Pierre remarqua le bleuissement précoce et l’enflure rapide, symptômes d’une belle entorse.
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Après un bref examen, l’homme s’adressa à David.
« – Il faut un brancard pour la transporter. Tu va descendre le chemin pendant 300 mètres puis tu tourneras à ta droite et tu continueras pendant encore un petit kilomètre. Tu tomberas alors sur le premier poste de secours. A cette heure là, il devrait y avoir encore du monde. Tu leur demande un brancard et tu leur dis que c’est Pierre qui le demande. »
Sans se formaliser du tutoiement instinctif propre à ce genre de personnage, David demanda cependant :
« – Ca ne serait pas mieux que ce soit vous qui y alliez ? Vous risquerez moins de vous trompez. Et puis l’orage va éclater dans peu de temps. »
Le montagnard sembla regarder dans une direction précise et rétorqua :
« -Si tu ne traines pas, tu reviendras avant la pluie. Pendant ce temps, moi je vais essayer de lui soulager la douleur, je suis un peu rebouteux à mes heures. »
David ne chercha pas à discuter, il déposa un furtif baiser sur les lèvres froides de sa femme, remonta le talus et partit s’enquérir du brancard.
L’homme n’avait pas menti.
Au bout de vingt minutes d’une marche rapide, il atteignit le refuge.
Il expliqua ce qu’il s’était passé aux hommes présents et ceux-ci s’empressèrent de lui donner l’accessoire de secours.
« – Essayez de revenir ici avant l’orage » Lui dit celui qui faisait office de chef « Surtout qu’il promet d’être costaud, celui-là ! »
Puis il rajouta :
« – Dans votre malheur, vous avez de la chance, vous êtes tombés sur le dernier bon guérisseur de la vallée. Si ça avait été quelqu’un d’autre, je serais remonté avec vous pour vous aider mais je sais qu’avec Pierre, votre femme est entre de bonnes mains. »
David remercia et sortit rapidement, il n’entendit pas le deuxième homme rajouter pour son compère :
« – Pour peu qu’elle soit mignonne, elle est même entre de très bonnes mains ! Hé ! hé ! hé ! »
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Pendant ce temps, Pierre n’avait pas perdu de temps.
« – Tu as mal ailleurs ? »
La jeune femme répondit faiblement :
« – Au genou, … au côté… et à la tête. »
Effectivement, le genou droit paraissait lui-aussi enflé.
La plaie à la tête ne nécessiterait qu’un pansement. La minette avait de la chance de ne pas s’être fracassé le crâne en tombant contre une pierre aiguisée.
Pour voir la blessure au côté, il souleva doucement le top de la jeune femme sans lui demander son assentiment et fit semblant de ne pas remarquer la naissance d’un sein nu qu’il avait partiellement découvert.
Une vilaine ecchymose s’étalait là aussi.
« – S’il n’ya pas de côte cassée, ça devrait aller. » Dit-il pour la rassurer.
Le plus urgent, c’était la cheville.
Il entoura l’articulation douloureuse de ses deux mains mais sans la toucher. Il maintint juste ses paumes à quelques millimètres de la peau distendue.
Pierre avait ce don depuis toujours. Il se transmettait de père en fils depuis des générations.
Il ne s’avait pas comment ça fonctionnait, il savait juste ce qu’il avait à faire pour que ça fonctionne.
Oh, bien-sûr, la donzelle ne danserait pas la gigue tout de suite mais il savait que son « traitement » atténuerait la douleur très rapidement et que dans deux ou trois jours, elle pourrait remarcher normalement.
Comparé à une prescription médicale orthodoxe qui l’aurait immobilisée dans un plâtre pour un mois, ce n’était pas si mal. La jeune femme ne savait sans doute pas à quoi elle échappait.
Il resta immobile dans cette position de longues minutes avant de renouveler l’opération sur le genou.
Au cours de ses manipulations, le guérisseur eut le loisir d’observer un peu sa « patiente ».
Elle n’était pas si mal pour une citadine, elle ne faisait pas trop mijaurée. Au contraire, l’absence de maquillage conférait à l’ovale de son visage une fraicheur naturelle et, bien que les larmes de douleur aient laissé leur empreinte rougie le long de ses pommettes, Pierre ne pouvait nier qu’elle était très belle.
Elle avait de longs cheveux bruns bouclés et ses yeux étaient d’un vert clair particulier : Sous un certain angle, ils paraissaient jaune doré.
Evidemment, compte tenu de son « domaine d’action », c’était les jambes de la jeune femme qu’il pouvait le mieux admirer et là, il était gâté : Pierre ne se lassait pas de laisser ses yeux courir le long du galbe parfait des petites jambes dorées par un bronzage discret. D’autant que son regard était très tardivement stoppé par la diaboliquement courte jupe de sport que portait la jeune femme.
Et lorsque son côté profiteur prenait le dessus, il ne pouvait s’empêcher de glisser un œil indiscret vers l’entrejambe recouvert d’un fin coton blanc mis à jour par quelques manipulations fortuites incitant la jolie paire de cuisse à s’écarter légèrement.
Et oui ! On a beau jouer les bons samaritains, on en reste pas moins homme !
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De son côté, Elodie, entre deux grimaces de douleur, dévisageait aussi son mystérieux secouriste.
Il était grand, très grand, pas loin de deux mètres, sans doute. Et taillé comme une armoire comtoise.
Le genre de gars qu’il valait mieux avoir dans son camp.
Bien qu’il soit habillé de vêtements sans âge, il était certainement moins vieux qu’il n’y paraissait au premier abord.
Certes de profondes rides creusées par l’exposition répétée au soleil et au grand air marquaient son visage buriné mais sa tignasse blonde sans cheveux blancs trahissait une quarantaine épanouie.
Sous des sourcils broussailleux de la même teinte jaune paille, un regard perçant traversait littéralement la jeune femme à chaque fois que se posaient sur elle les yeux d’un bleu aussi dur et limpide que le ciel qu’ils avaient sans doute l’habitude de contempler.
Oui, à mieux l’observer, Elodie devait admettre que s’il voulait bien porter un peu plus d’attention à son aspect extérieur, ce Pierre pourrait assurément entrer dans la catégorie des beaux gosses.
Mais elle supposait aussi que c’était justement parce l’animal refusait de se laisser catégoriser qu’il avait fini par s’enraciner ici et par prendre peu à peu l’aspect d’un ours.
Ils parlèrent peu. C’est à peine si elle put entendre le son de sa voix grave et posée. La voix d’un homme qui ne se presse jamais, qui a toujours le temps pour lui.
Vraiment tout le contraire des gens super pressés et méga-stressés qu’elle côtoyait habituellement à Paris.
La jeune femme était fascinée par son calme et sa maîtrise alors que la situation n’était pas reluisante et que l’orage menaçait d’éclater d’un instant à l’autre : Maintenant, des éclairs de chaleur illuminaient le ciel sans interruption.
Il ne la toucha presque pas mais dés qu’il positionna ses mains autour de sa jambe, elle sentit une incroyable chaleur quasi surnaturelle irradier son membre endolori et se répandre lentement, à partir de sa cheville, à la fois vers ses orteils et vers son aine.
Lorsqu’il fit de même autour de son genou, Elodie commençait déjà à sentir la douleur refluer.
Bien-sûr, elle ne disparut pas complètement et des élancements douloureux continuaient à lui arracher quelques grimaces, mais cela devint nettement plus supportable. La jeune femme commença à remercier intérieurement le ciel et la providence d’avoir mis ce gaillard sur leur route.
Très rapidement aussi, contrecoup de l’accident ou de la « magnétisation », Elodie se sentie gagnée par une douce torpeur et une envie irrépressible de sombrer dans un sommeil terriblement tentant, malgré les grondements de tonnerre qui se répondaient indéfiniment.
Elle luttait pour garder ses paupières ouvertes lorsque David revint essoufflé mais fier d’avoir rempli sa mission.
Sans perdre de temps, les deux hommes déplièrent la civière et installèrent précautionneusement la blessée dessus.
Puis le convoi s’ébranla.
« – On descend vers le poste de secours ? » Demanda pour la forme David. Ca paraissait une évidence.
Le montagnard regarda sur sa droite.
« – Non. On n’a pas le temps : On ne voit déjà plus les Grandes Dents. Il va pleuvoir des cordes dans moins d’un quart d’heure. On va chez moi, c’est plus rapide. »
David n’émit aucune objection.
Ils avancèrent cahin-caha mais David qui n’avait jamais porté de civière de sa vie et encore moins en montagne avec une « passagère » à bord, retardait plutôt l’avancée qu’autre chose. Il faisait pourtant tout ce qui était en son pouvoir pour taire son mal de dos qui le reprenait subitement mais il devait sans cesse se reprendre pour ne pas faire basculer son épouse sur la droite ou sur la gauche.
Ils tentèrent de changer en positionnant David en tête mais ce fut pire encore.
Au bout d’un court moment, Pierre, presque exaspéré, stoppa :
« – Bon ! Ca ne va pas. A ce rythme, on n’y sera jamais avant l’orage. Je vais la prendre dans mes bras, ça ira plus vite ! Toi,- Dit-il à David- Tu prends le brancard et votre sac et tu me suis. »
Cet ordre ne souffrait aucune contestation mais il ne vint même pas à l’idée de David d’en formuler l’esquisse d’une.
Elodie, qui n’avait pas son mot à dire se sentit soudain soulevée de terre par des bras puissants, comme si elle ne pesait pas plus qu’une poupée de chiffons.
Ils progressèrent alors à grandes enjambées, et l’image d’une bande dessinée qu’elle avait lue quelques années plus tôt s’imposa fugitivement dans l’esprit de la jeune femme, celle de Chang, l’ami de Tintin, emporté à travers la chaîne himalayenne dans les bras attentionnés du yéti.
Bercée par le pas du colosse, rassurée par ses bras musclés, elle s’endormit alors quasi-instantanément avec ce petit sourire au coin des lèvres, le premier depuis un long moment.
Derrière, peinant et ahanant pour rester dans l’allure, David ne pipait mot.
Personne ne releva que la main qui soutenait les cuisses de la jeune femme était située très haut, anormalement haut. Presque à la lisière de la petite culotte et pas sur la jupe mais sous le tissu.
Il faut bien se donner du cœur à l’ouvrage.
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Lorsqu’ils arrivèrent en vue du chalet, les premières grosses gouttes s’écrasaient bruyamment sur l’alpage.
Il était temps !
La porte n’était pas verrouillée.
Le montagnard l’ouvrit d’un coup de pied magistral et précéda David à l’intérieur.
Celui-ci entra à la suite.
Tandis que Pierre déposait son fardeau endormi sur le lit haut qui occupait un coin de l’unique pièce, le jeune homme détailla rapidement le reste de l’habitation :
Il s’agissait visiblement d’une demeure saisonnière pour un homme seul.
Tout était sombre et mal éclairé. Le ménage n’était visiblement pas fait toutes les semaines.
Une cheminée monumentale prenait à elle seule tout un pan de mur. On aurait pu y faire rôtir un bœuf entier.
Face à elle, deux fauteuils usés mais sans doute confortables attendaient que l’on allume un feu pour faire jouer leur tentation de repos bien mérité.
Au centre de la pièce, une table et des bancs rustiques constituaient le coin repas, à côté d’une armoire-garde manger et d’un réfrigérateur, comble du modernisme et élément anachronique dans ce musée vivant.
Après avoir déposé Elodie, l’homme entassa du petit bois et des buches dans l’âtre et lança un feu réconfortant.
« – Pose tes affaires et installe-toi. »
Dehors, la nature se déchaînait.
« – Ca va durer longtemps ? »
« – Comme c’est parti, ça peut durer tout la nuit. »
« – Mais comment on va faire, nous ? »
« – Vous pouvez dormir ici. C’est pas riche, mais au moins on est au chaud. »
« – Mais on doit repartir demain ! »
« – Et bien je vous descendrai demain matin. De toute façon, il n’y a pas le choix. »
C’était on ne peut plus vrai.
Quelque temps plus tard, alors que le feu commençait à ronfler bruyamment et à diffuser une douce chaleur dans la pièce, Elodie se réveilla dans un gémissement.
David se précipita vers elle.
« – Ca va ma chérie ? »
« – Oui, oui. Beaucoup mieux. Mais ça me lance encore. » Répondit-elle en détaillant lentement leur abri.
Pierre s’adressa aux jeunes :
« – J’ai de la soupe de prête. Je la réchauffe et nous pourrons manger. Après je préparerai un onguent qui devrait te soulager encore. »
« – C’est gentil. » Répondit la jeune femme.
Tandis que David soignait la plaie au front de sa femme avec le nécessaire fourni par leur hôte, ils le regardèrent placer une impressionnante casserole cabossée sur le poêle à bois puis fouiller dans ses placards à la recherche de différents ingrédients plus ou moins mystérieux destinés sans doute au fameux onguent.
Quand la soupe fut prête, c’est avec un plaisir timide mais non feint qu’ils virent les assiettes se remplir. Ils étaient morts de faim.
Pierre apporta son assiette à Elodie qui mangea assise dans le lit pendant que les deux hommes s’attablèrent.
C’était ce qu’on appelle une soupe complète, une soupe « all inclusive » !
Dans le bouillon, flottait tout un tas d’ingrédients, David identifia des pois, des haricots, des carottes, des oignons, de la viande, du fromage et sûrement d’autres choses…
Avec un bon pain gris, lourd et odorant, c’était excellent ! Même s’il soupçonnait le cuisinier d’avoir laissé tomber la poivrière dans la cocotte.
Ils en reprirent plusieurs assiettes en le remerciant chaudement.
« – Pas de quoi. »
Après avoir avalé une pomme en dessert, Pierre posa sur la table une bouteille contenant un liquide translucide.
« – Ca c’est pour vous remonter ! »
Il en versa trois verres, un petit pour Elodie, deux plus remplis pour lui et David.
Il donna le sien à la jeune femme en lui disant :
« – Tiens, ça ne peut pas te faire de mal, c’est anesthésiant. »
Puis vers David, en levant son verre :
« A la tienne ! C’est une boisson d’hommes, ça pique un peu. Comme y disent dans « Les Bronzés », faut faire cul-sec sinon ça brûle. » Avec un petit clin d’œil accompagné d’un de ses rares sourires.
Du coin de l’œil, David vit son épouse avaler son verre d’un trait et faire aussitôt une grimace affreuse tandis qu’un énorme frisson la prenait.
Humant la liqueur, il ne releva pourtant aucune odeur suspecte, mais quand il en avala une gorgée, il dut se tenir à la table pour ne pas défaillir.
Ca lui rappelait bizarrement un goût précis : Celui du carburant de sa mobylette qu’il avait malencontreusement goûté dans sa jeunesse, lors d’un siphonage mal maitrisé.
Ne voulant pas paraître impoli vis-à-vis de son hôte, il se força à finir son verre.
Bizarrement, à partir de la deuxième gorgée, la boisson ne semblait plus si infâme. Sans doute l’effet anesthésiant.
Sans plus s’occuper d’eux, le montagnard était parti préparer sa potion magique.
Il étudiait attentivement des étiquettes quasi effacée de pot poussiéreux, il sortait, enveloppés dans de vieux papiers journaux, des échantillons de plantes séchées dont il été le seul à connaître le nom et la provenance.
David le laissa à son absconse activité. Il jeta un œil vers sa jeune épouse, elle semblait à nouveau assoupie.
Il décida alors de s’installer dans un des fauteuils face à la cheminée ronflante.
Dehors, le vent mugissait toujours autant.
Sans s’en rendre compte, il sombra dans une douce torpeur sous l’action combinée de la chaleur caressante de la flambée, de l’alcool puissant se diffusant dans son sang et de l’immense fatigue due aux péripéties de la journée.
Quelques minutes plus tard, il dormait profondément.
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En revanche, le sommeil d’Elodie n’était pas très lourd et elle fut réveillée par la sensation d’une présence à ses côtés.
Il était là, assis au pied du lit.
Depuis combien de temps la regardait-il ainsi ?
Il montra un petit pot dans sa main :
« – C’est prêt » Dit-il tout bas.
Elodie chercha David du regard. Elle trouva son profil endormi dans un fauteuil.
Sans plus d’explication, Pierre rabattit jusqu’à ses pieds la couverture qui recouvrait la jeune femme.
Dans un vain réflexe de pudeur, elle tira un peu sur sa maigre jupe pour cacher le maximum du minimum.
Mais l’homme n’en avait que pour sa cheville.
Il la souleva délicatement d’une main et il trempa les doigts de l’autre dans le pot.
Il en sortit un liquide brun épais, comme du miel tiède.
Il l’étala lentement sur son articulation meurtrie et dés qu’il la massa doucement avec, Elodie ressentit à nouveau une incroyable sensation de bien-être.
La pommade dégageait une subtile odeur de plantes et d’épices.
Pas désagréable. Pas désagréable du tout !
Tout à son bonheur de sentir sa douleur disparaître presque entièrement, Elodie ferma les yeux et se relâcha.
Bien qu’un peu rugueuses, les mains de l’homme savaient y faire pour la masser sans la brusquer.
Petit à petit, tout en remettant régulièrement du baume sur la peau nue, il élargit son cercle d’action et se mit à lui masser le pied entier, du talon au bout des orteils en passant par la fragile plante. Et Elodie qui, quelques instants plus tôt, aurait juré qu’elle n’avait pas mal à cet endroit découvrit que c’était quand-même beaucoup mieux après que le guérisseur s’en soit occupé.
Toujours sans dire un mot, il remonta ensuite lentement le long de son mollet en évacuant de ses muscles la somme de fatigue accumulée depuis quelques jours.
Elodie en gémit d’aise. Elle pouvait presque visualiser ses contractures s’envoler comme par miracle.
Pierre arriva au niveau du genou et se reconcentra sur son deuxième trauma.
Elodie, qui n’avait jamais connu le luxe de se payer une séance de massage dans un institut, découvrait la troublante sensation de prêter son corps à un inconnu pour que celui-ci lui fasse du bien.
Troublante mais exquise sensation !
Là encore, après avoir longuement officié autour du genou, il élargit ensuite son mouvement et sa main calleuse remonta peu à peu sur la cuisse de la jeune femme. Elle frissonna.
Elle se serait bien laissée aller à s’assoupir sous les formidables caresses de Pierre mais justement, ces caresses qui remontaient très lentement le long de sa jambe commençaient à provoquer une autre sensation déconcertante chez elle. Une sensation de chaleur dans le bas ventre qu’elle s’efforçait de taire lorsqu’elle n’était qu’une vague impression mais maintenant que les grandes mains de l’homme atteignaient presque la lisière de sa jupe, cette sensation se faisait plus forte, plus présente.
Une sensation sur laquelle Elodie ne pouvait plus refuser de mettre un nom : L’excitation.
Ca aurait dû être difficile d’admettre que cet homme rustre et ombrageux puisse lui procurer un tel émoi, surtout dans cette situation et avec David qui était à trois mètres de là mais Elodie savait lire les réactions de son corps : Cette chaleur au ventre, ce fourmillement dans les reins, ce frisson sur sa nuque et surtout cette humidité naissante dans son intimité ne pouvaient la méprendre : Son corps adorait ce que lui faisait Pierre.
Déconcertée par cette constatation qui la laissait un peu songeuse, elle sursauta lorsqu’il lui dit :
« – Remonte ton chandail, je vais t’en mettre aussi sur les côtes. »
Avec une légère hésitation, elle découvrit alors son flan meurtri et l’homme, avec sa deuxième main, appliqua une bonne dose de pâte magique sur l’ecchymose violacée.
Comme avant, il massa minutieusement la région douloureuse par des passages circulaires concentriques et comme avant, la douleur s’estompa.
Elodie ne s’offusqua pas de sentir le bout de ses doigts frôler la base de son sein à chaque tour. Pierre avait des mains larges comme des battoirs, et il n’était donc pas étonnant qu’il n’y ait pas assez de place sur son petit thorax.
Elle se laissait donc faire docilement comme une patiente avec un praticien médical.
Seulement, au bout de quelques minutes, il lui sembla que, peu à peu, le bout des doigts empiétait de plus en plus sur la sensible partie charnue.
Non elle ne rêvait pas : Plus ça allait, plus les doigts rugueux montaient loin à l’assaut de la petite colline puis en redescendaient avant d’avoir atteint le sommet.
Cela n’arrangea pas son trouble naissant, d’autant que la main droite de son soigneur était restée sur sa cuisse et continuait à monter : Elle passait maintenant largement sous la jupe légère, massant gentiment son quadriceps.
Mais qu’avait le bonhomme dans la tête ?… Jusqu’où allait-il avancer comme ça ?…
Où s’arrêterait-il ?…
Avait-elle seulement envie qu’il s’arrête ?
Elodie sentit son cœur battre la chamade et sa respiration s’accélérer.
Elle fermait les yeux car elle n’osait pas croiser le regard du blond montagnard.
Pourtant, elle les rouvrit pour vérifier que David dormait toujours. A contre jour par rapport à la cheminée crépitante, il n’avait pas bougé d’un pouce.
Que voulait-elle vraiment ? Qu’il se réveille maintenant et que cela mette fin à cette situation improbable ou au contraire qu’il continue à dormir profondément et advienne que pourra ?
Au comble d’un terrible dilemme sensoriel, elle détourna le regard et tomba sur le visage de Pierre qui l’observait. Celui-ci riva ses yeux dans les siens et elle se noya dans le regard bleu azur.
C’est le moment que choisit celui-ci pour franchir les derniers millimètres et pour que le dernier passage amène sa main à englober totalement le petit sein de la jeune femme.
Un frisson d’aise la parcourut.
Il ne pouvait pas ne pas avoir remarqué le petit téton tendu à l’extrême au faîte de la douce éminence.
D’ailleurs, elle crut déceler l’esquisse d’un sourire au coin de ses lèvres.
A partir de ce moment, il s’écarta de plus en plus de la zone douloureuse pour concentrer ses caresses sur la poitrine menue.
Bien qu’il prit tout son temps, il ne fut pas long à investir la deuxième colline, repoussant un plus haut le débardeur de sa patiente.
Il était devenu évident pour Elodie que le gaillard avait l’intention de joindre l’utile à l’agréable, pour lui, bien entendu, mais aussi pour elle ; elle ne pouvait pas le nier.
C’était étonnant de sentir cette grosse main râpeuse se faire si attentionnée et délicate pour caresser et pétrir sa frêle poitrine nue.
Elodie frémissait d’excitation.
Elle était si concentrée sur les délicieuses palpations dont ses seins faisaient l’objet qu’elle en avait presque oublié la main qui progressait lentement sous sa jupe.
Pourtant celle-ci se rappela brusquement à sa mémoire lorsqu’elle sentit une pression contre son entrejambe.
Le « petit » futé avait discrètement profité de la diversion du haut pour atteindre en toute impunité la jointure de ses cuisses.
Là encore, il ne pourrait que remarquer la moiteur de son fond de culotte.
Son sourire en coin se fit plus franc et Elodie, telle une petite fille prise ne faute, sentit ses joues s’empourprer. Heureusement, la pièce était faiblement éclairée.
Maintenant convaincu de son accord tacite, l’homme des montagnes ne se retint plus d’affirmer franchement sa prise de position : A travers le faible rempart de sa culotte, Elodie sentit une large main se plaquer contre son pubis et des doigts puissants lui masser l’entrejambe.
Une fois de plus, il mit dans se massage intime, une patiente application et une douceur incroyable, comme si cet endroit aussi nécessitait des soins curatifs.
Or sa petite vulve ne ressentait bien-sûr aucune douleur mais bien au contraire une volupté croissante qui lui faisait mordre sa lèvre inférieure pour ne pas émettre de gémissement sonore.
Puis, sans crier gare et toujours dans un silence complet, l’homme remonta légèrement sa main avant de la glisser sous l’élastique de la petite culotte.
Il passa assez rapidement sur son petit buisson pubien impeccablement taillé et Elodie sentit soudain deux gros doigts autoritaires pénétrer sa petite fente humide.
Elle jouit instantanément.
Un éclair de plaisir fulgurant, incroyablement fort et surprenant qui lui arracha un cri aigu qu’elle tenta vainement de stopper en se plaquant la main sur la bouche.
Mais c’était trop tard, le son avait jailli de sa gorge et raisonné dans toute la pièce… David allait se réveiller et, horrifié, la découvrir à moitié déshabillée avec les mains de Pierre sur ses seins et dans sa culotte.
Mais paradoxalement, loin de la mortifier, cette idée décupla les ondes secondaires qui rayonnaient de son bas-ventre et elle s’arqua pour mieux les accueillir.
Et le miracle se produisit : David ne se réveilla pas.
Pierre maintint ses doigts en elle et tout doucement, leur imprima un léger mouvement de va et vient tandis que son pouce se mit à flatter tendrement son petit bourgeon nerveux.
Pendant les longues minutes qui suivirent, se tortillant sous la divine torture, Elodie connut de nombreuses répliques de ce séisme sensoriel provoqué par cet homme aux doigts d’or.
Lorsqu’il retira ses mains, la jeune femme se sentait à la fois apaisée et confuse ; coupable de s’être laissée aller sous les yeux d’un homme qu’elle ne connaissait que depuis quelques heures et avec qui elle avait échangé moins de dix phrases mais qui avait su si facilement et si simplement lui donner du vrai et bon plaisir.
Et celui-ci n’en avait pas fini avec elle.
Alors qu’elle se remettait à peine de ses émotions, il passa les mains sous le bord de son débardeur qui était resté tassé en haut de son torse et il le remonta pour le lui enlever.
Docile, elle leva les bras et son top passa par dessus sa tête.
Elodie retint un inutile réflexe de pudeur qui la poussait à dissimuler de son bras sa maigre poitrine. A prés tout, ce petit morceau de tissus n’en cachait plus grand chose depuis longtemps.
Tout de suite après, il accrocha le haut élastique de l’ensemble jupe-culotte et fit doucement glisser le tout vers le bas.
Là encore, soumise, elle souleva les fesses pour faciliter l’opération.
Seule une petite main pudique s’était posée sur son triangle soyeux.
Elodie n’avait même pas eu un début d’intention de résister à ce rapide effeuillage.
Les pouvoirs de l’énigmatique montagnard allaient-ils plus loin que la seule guérison des entorses ?
La jeune femme n’aurait su le dire mais avec une aisance simple et naturelle, il avait réussi à faire tomber ses barrières de pudeur les unes après les autres.
La dernière n’allait pas tenir longtemps.
Délicatement, il saisit ses deux poignets et les emmena se rejoindre au-dessus de sa tête.
Après avoir hésité un court instant à dévoiler son intimité, Elodie suivit le mouvement et resta telle qu’il l’avait positionnée. Elle avait compris que l’homme voulait qu’elle garde la pose.
Il l’observa ainsi un moment mais il ne semblait pas satisfait.
Alors il posa ses mains sur les genoux de la jeune femme et incita doucement celle-ci à écarter les cuisses selon un angle de plus en plus accentué.
Ils restèrent de longues minutes comme ça, immobiles, sans échanger la moindre parole, uniquement éclairés par la lumière dansante des flammes.
Lui, assis à ses pieds, elle étendue en position de la grenouille.
Jamais elle n’avait été si intégralement et impudiquement exposée à la vue d’un inconnu.
Pas même lorsque, chez le gynécologue, on l’obligeait à poser ses pieds sur les étriers éloignés ni lorsque le praticien insérait le glacial spéculum dans son vagin.
Cela n’avait rien à voir avec un fastidieux mais nécessaire examen médical, Elodie savait ce que Pierre faisait, elle sentait le regard brillant de l’homme peser sur chaque parcelle de son corps ainsi exposé. Elle le voyait remonter le long de ses jambes, de ses cuisses écartées, s’arrêter sur sa rose largement ouverte et sans doute luisante de cyprine, glisser sur son ventre et remonter vers sa poitrine puis sur son visage avant de refaire le chemin à rebours et tout recommencer indéfiniment : Il emmagasinait ses souvenirs visuels… pour plus tard… pour quand elle serait partie.
Et étrangement, elle n’en éprouvait ni gêne ni honte. Cet hommage silencieux à sa beauté l’émouvait, au contraire, au delà de l’imaginable.
Le cœur battant, la respiration haletante, elle ferma les yeux, offrant son humble grâce à la muette glorification de l’ours solitaire.
Il lui sembla qu’un très long moment s’était passé lorsqu’elle sentit son admirateur rompre le charme.
Elle ouvrit les yeux : Pierre s’était relevé et se tenait debout prés du lit.
Il parut en proie à une longue hésitation puis tout d’un coup, il commença à se débarrasser de ses vêtements.
Il déboutonna sa chemise informe puis passa son tricot par dessus la tête, dévoilant une musculature impressionnante.
La respiration de la jeune s’accéléra encore et elle jeta un regard paniqué vers le fauteuil où David ronflait paisiblement.
Elle savait ce qui allait se passer et elle ne savait pas si elle voulait que cela se passe.
D’un côté, la petite voix de la raison la suppliait de dire à Pierre de s’arrêter, de l’autre, son corps aux prises avec un puisant flux hormonal, l’incitait à inviter l’homme à la rejoindre.
Finalement, elle ne dit rien. Et qui ne dit mot…
Pendant ce temps, ignorant de ce cruel débat interne, son hôte avait continué sur sa lancée et délacé son caleçon.
Elodie put alors découvrir une autre forme d’hommage à sa beauté, beaucoup plus… visuelle.
Les yeux ébahis de la jeune femme purent en effet constater que les attributs virils de l’homme étaient à son échelle : Colossaux.
Lorsqu’il s’approcha et s’installa entre ses jambes, elle n’avait pas bougé d’un pouce.
Pourtant la jeune femme avait un peu peur qu’il soit maladroit ou brutal. Avec un tel organe, la moindre précipitation pouvait s’avérer douloureuse pour la fragile jeune femme.
C’était cependant une peur irraisonnée et infondée : A l’instar de ce qu’il avait fait jusque là, Pierre fut doux et tendre.
Elodie le sentit se présenter à sa petite porte béante et entrer tout doucement.
Poussant de tous petits cris presque inaudibles, elle ouvrit grand les yeux et la bouche, comme si cela pouvait faciliter l’intromission de la grosse verge dans son petit fourreau.
Il progressa centimètre par centimètre, jusqu’à ce qu’elle se sentit physiologiquement remplie, comblée, lorsqu’il fut tout au fond d’elle, butant contre son col de l’utérus.
Jamais elle n’avait ressenti une telle impression de complétude.
La jeune femme attira alors le visage à la beauté sauvage vers le sien et elle embrassa les lèvres fines.
Leurs bouches se soudèrent, les langues se rencontrèrent.
Ils firent l’amour en silence, longuement et intensément.
Elodie avait mal au poing à force d’y planter ses incisives pour péniblement réprimer ses cris de volupté qui menaçaient à tout instant de jaillir.
Tout juste laissait-elle échapper quelques gémissements aigus en espérant qu’ils n’aillent pas réveiller son époux.
Mais à chaque fois qu’elle tournait vers lui sa tête dodelinante, secouée par les puissants coups de reins du montagnard, Elodie voyait toujours David dormir du sommeil du juste.
La jeune femme avait depuis longtemps visité à plusieurs reprises le septième ciel lorsque son amant émit un long grognement caverneux.
Elle sentit aussitôt une inondation chaude envahir sa cavité vaginale et déborder largement à l’extérieur.
L’homme avait accumulé une réserve impressionnante.
Il s’affala ensuite sur elle, l’écrasant un peu sous son poids.
Quelques minutes plus tard, caressant le dos et les fesses de son amant étendu entre ses cuisses écartées, le visage tourné vers son mari paisiblement endormi, Elodie sentit une larme tiède perler de sa paupière et ruisseler lentement le long de sa joue.
Pas une larme de désespoir ou de regret. Non, juste une larme de culpabilité. Celle d’avoir laissé son corps dominer sa raison. Celle d’avoir dénaturé sa lune de miel. Et surtout celle d’y avoir pris un formidable plaisir.
****
Ils avaient refait l’amour. Une fois, deux fois. Tendrement, en prenant tout leur temps, malgré la présence toute proche du mari floué.
Pierre n’aurait su dire pourquoi ni comment mais il avait le sentiment qu’ils ne risquaient rien, que David ne se réveillerait pas en les surprenant en plein ébat adultérin.
Il ne savait pas non-plus pourquoi il avait fait tout ça.
Il n’avait rien prémédité, c’était venu tout seul, naturellement.
Lorsqu’il avait commencé à masser la jeune femme il avait senti l’impérieuse nécessité d’aller plus loin, de la caresser plus en avant, de la déshabiller, de la regarder puis de la prendre.
Il n’avait presque pas hésité, tout cela avait découlé d’une évidence quasi-mystique.
Et la jeune Elodie paraissait sur la même longueur d’onde.
Aurait-elle fait seulement mine de refuser qu’il aurait immédiatement arrêté mais non, bien au contraire, son joli corps avait parlé pour elle, répondant favorablement à chaque sollicitation.
Il n’avait ressentit aucune retenue dans sa manière de l’accueillir en elle et de faire l’amour.
Bien plus : C’était elle qui avait pris l’initiative du deuxième puis du troisième acte.
Maintenant elle reposait sur le ventre, une jambe droite, l’autre repliée, un bras le long du corps et l’autre sous sa joue, ses boucles brunes étalées sur son dos nu. Elle était vraiment d’une beauté à couper le souffle.
Morte de fatigue, elle s’était écroulée et ne réagissait même plus lorsqu’il passait lentement ses mains rêches sur ses jolies fesses blanches à la douceur indescriptible.
A la jointure de la paire de cuisse, dans la continuité de la tendre raie, il apercevait le sillon sombre de la vulve chaude et accueillante.
S’il voulait, il pourrait sans doute se glisser sur elle et la pénétrer comme ça. Il était bien placé pour savoir qu’elle était idéalement lubrifiée.
Rien qu’à l’idée, il sentit son sexe se raidir à nouveau.
Mais non. Il valait mieux la laisser dormir ; Et trois fois dans la nuit c’était déjà pas si mal.
Dehors, l’aube pointait. Le ciel lavé passa rapidement du violet à l’orangé puis au bleu clair.
Il n’avait pas dormi de la nuit.
Tant pis ! Il avait l’habitude, il se rattraperait plus tard.
Il jeta un dernier long regard vers la nymphe endormie.
Elle était vraiment différente.
Elle n’avait rien à voir avec les pimbêches parisiennes qu’il se tapait encore de temps à autre.
Il avait toujours eu du succès auprès des filles, surtout plus jeune.
Il avait eu de nombreuses aventures, son activité professionnelle favorisant cela.
Il était même tombé amoureux, quelques fois, avant de se rendre compte qu’il n’était qu’un trophée parmi tant d’autres sur le tableau de chasse de ces nanas : « Ouais, cet hiver, j’me suis fais mon moniteur de ski ! »
Depuis, il avait pris soin de fermer son cœur, se contentant de prendre du plaisir quand il en avait l’occasion.
Et les occasions se faisaient de plus en plus rares.
Mais avec Elodie cela n’avait pas été pareil. La jeune femme s’était donnée sans compter et sans arrière pensée, gratuitement. Il lui en avait été reconnaissant.
Tous deux savaient qu’il n’y aurait pas de lendemain. Ils retourneraient dans leur vie de tous les jours, lui dans sa belle montagne, elle dans sa lointaine ville avec son gentil mari. Mais avec, dans un petit coin de l’âme, le souvenir bien vivant d’une nuit fabuleuse. Un joli rayon de liberté pour les jours de grisaille.
Quittant sa rêverie, il se leva, s’habilla et sortit dans le petit matin.
****
David se réveilla incroyablement reposé malgré la position plutôt inconfortable dans laquelle il s’était endormi, dans le fauteuil.
Une bonne odeur de café planait dans la pièce.
Il s’étira et se leva.
Il adressa le bonjour à leur hôte qui le lui rendit d’un signe de tête. Il disposait sur la table le nécessaire pour un bon petit déjeuner.
David regarda vers le lit. Enfouie sous les couvertures, Elodie dormait toujours profondément.
Un bref instant, il se demanda où le propriétaire des lieux avait bien pu dormir.
Il avait supposé que celui-ci aurait sans doute annexé le deuxième fauteuil, laissant son lit à sa jeune épouse blessée mais leurs affaires posées la veille sur ce deuxième fauteuil y trônaient toujours au matin, telles qu’ils les avaient laissées. Bizarre…
Il s’approcha du lit et posa un baiser sur le front de sa femme. Puis, pour l’inciter câlinement à se réveiller, il écarta un peu la couverture pour poser ses lèvres sur son épaule nue. Elle grogna un mécontentement encore endormi.
Il remarqua encore là quelque chose d’étrange et passa la main sous les draps pour confirmer son étonnante découverte.
« – Ben ! T’est toute nue là-dessous ! »
« – Mouais, j’avais trop chaud. » Grommela-t-elle.
Effectivement, il remarquait maintenant, le petit tas de vêtements au pied du lit.
Il le ramassa et le fourra sous les couvertures.
« – Habille-toi, ma chérie, ne faisons pas attendre notre sauveur… Et puis il faut vite retourner à la pension pour régler les formalités du départ. »
****
L’esprit encore au ralenti, Elodie émergea lentement.
Mais même au ralenti, le souvenir de la nuit lui revint rapidement en mémoire.
Bon sang, quelle nuit !
Un peu gênée, elle s’habilla sous les draps et sous l’œil inquisiteur de David.
Elle le trouvait bizarre. Se doutait-il de quelque chose ?
Une fois son top enfilé, elle s’assit sur le lit et rabattit draps et couverture pour enfiler sa culotte et sa jupe.
Le regard de david se fit encore plus pointu lorsqu’il tomba sur les larges traces de souillure qui maculaient le drap juste entre les jambes d’Elodie.
Un instant paniquée, la jeune femme prit le parti de ne pas s’y arrêter. Après tout, rien n’indiquait que ces tâches fussent fraîches de la nuit même.
Et lorsqu’elle mit le pied par terre, elle s’offrit une belle mais involontaire diversion : Un élancement à la cheville lui arracha un cri de douleur et lui rappela qu’elle n’était pas complètement guérie.
Ils prirent une rapide collation sans échanger beaucoup plus de paroles que la veille, puis vint le moment de redescendre vers la vallée.
Elodie ne pouvant marcher seule et l’option du brancard n’étant pas efficace, il fut décidé que la jeune femme descendrait sur le dos du seul homme capable de la porter sans se faire de lumbago : L’éternel Pierre.
David ne sembla guère ravi de cette organisation mais comme il voulait aussi rentrer au plus vite, il se plia au compromis.
Ils s’engagèrent donc dans le chemin descendant, croisant au passage les premiers randonneurs du week-end.
David ouvrait la marche, derrière, Pierre suivait sans difficulté avec comme charmant sac à dos, une Elodie accrochée à son cou et reposant sur ses bras puissants.
Sans doute encore fatiguée, la jeune femme sembla s’assoupir à nouveau pendant la descente.
David ne remarqua pas les jambes de sa jeune épouse qui, par moments, se contractaient légèrement lorsqu’une main coquine s’insinuait vers son joli postérieur et en flattait doucement les replis.
Vous êtes trop fort ! Un régal à lire… Amateur de montagne et de candaulisme je ne peux qu’adorer.. Belle écriture en prime. Bravo et merci